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MUONG

On considère généralement que les ancêtres des Muong (en langue thaï, muong signifie division territoriale) et des Viêt ont immigré vers le nord du Vietnam actuel, alors que les peuples de langue thai se dirigeaient vers les plaines et vers les hauts plateaux du nord de la péninsule indochinoise. Les Muong s'apparentent culturellement aux Thaï et aux Viêt. Ils se répartissent sur un territoire situé dans le nord du Vietnam entre le fleuve Rouge et la frontière laotienne. Leur aire de dispersion est discontinue et ne forme pas une unité géographique. Ils constituaient en 2003 un groupe de quelque 126 000 personnes. Les Muong font partie du groupe linguistique austro-asiatique et du groupe ethnique viêt-muong. Établis sur les basses terres, ils s'y livrent principalement à la culture de la rizière irriguée, construite en terrasses ; leurs cultures secondaires, brûlis fixés sur les pentes des collines, leur fournissent le benjoin, le stick-lac, la canne à sucre, le manioc, le maïs. La terre appartient traditionnellement à des propriétaires qui en accordent une certaine partie aux paysans, l'exploitation de ces lopins est d'ordre familial, mais l'ensemble des terres seigneuriales est cultivé et entretenu par des rotations périodiques d'équipes de paysans corvéables.

La tenure foncière originelle est fondée sur le droit du premier occupant à posséder la terre, les bois, les rivières et à les faire fructifier, ce qui entraîne l'établissement d'une oligarchie contrôlant les trois quarts des terrains. Ce système fut modifié par l'administration de la république démocratique du Vietnam, qui organisa les Muong en coopératives agricoles. Le culte des ancêtres est pratiqué par les représentants les plus âgés de la lignée mâle ; l'autel est finement décoré et orné d'un mobilier de laque. Il existe également nombre de magiciens, de devins et de sorciers. La médium ou mo'i détient un pouvoir d'une grande importance. Les morts sont enterrés, après avoir été placés sur un lit où ils sont lavés et parfumés ; la thay-mo, ou médium spécialiste du culte des morts, dirige l'opération pendant trois jours. La mort des féodaux ou tho-lang est annoncée par des tambours de bronze. Un cortège funéraire suit le cercueil des notabilités, porteur d'étendards et de bannières vantant les mérites des défunts.

Chez les Muong, le buffle représente l'essentiel du gros bétail ; il est utilisé dans différents travaux de labourage, de hersage. On peut cependant dénombrer des chevaux, des chèvres, de nombreux poulets, porcs et canards. La pêche est relativement importante et fournit un complément nécessaire aux activités agricoles. Les minorités muong ont atteint un niveau technologique supérieur aux autres minorités montagnardes : pressoir à canne à sucre, norias d'irrigation, pilon à riz à noria pour le décorticage du paddy ; ils connaissent également le pressoir à huile. La base de l'alimentation muong est le riz gluant, comme chez les Thaï et les Laotiens. Les maisons muong sont construites sur des pilotis de bois de grande taille ; les murs sont en bambou, tressé ou en planche ; le toit est en rotin. L'organisation familiale muong est de forme patrilocale et patrilinéaire, elle est axée sur l'existence de familles étendues (ho). La noblesse muong est astreinte à l'exogamie de ho et de village pour la femme principale. Le peuple a un statut différent, il ne lui est pas imposé une exogamie de village ; un paysan muong peut épouser quelqu'un du même ho à condition d'être d'un degré de parenté suffisamment éloigné.

— Yvan BARBÉ

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Yvan BARBÉ. MUONG [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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