Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MELNIKOV PAVEL IVANOVITCH, dit ANDREÏ PETCHERSKI (1818-1883)

D'origine noble mais pauvre, Andreï Melnikov, dit Petcherski, est né à Nijni-Novgorod, grand port fluvial, ville de foires, dans cette région de la Volga où se sont réfugiés les vieux-croyants, qui seront le sujet des deux seuls livres qu'il ait écrits. Après avoir passé quelques années dans l'enseignement, Melnikov est chargé par le ministre de l'Intérieur d'étudier les vieux-croyants et de réprimer leurs activités ; fonctionnaire opportuniste, il est d'abord, sous Nicolas Ier, partisan de la manière forte, et il les persécute, mais, après 1859, il prône des mesures libérales et la tolérance. Rédacteur d'un journal local, il commence à écrire, se lie d'amitié avec l'historien slavophile Pogodine et l'écrivain ethnographe Dal.

Ce n'est toutefois qu'après sa retraite, en 1866, qu'il écrit sous le pseudonyme d'Andreï Petcherski le roman-fleuve Dans les forêts (V lesach, 1875), qui lui apporte la célébrité. Paradoxalement, c'est avec amour que ce bien-pensant décrit les vieux-croyants d'au-delà de la Volga, dans une vaste fresque épique centrée sur la famille d'un riche marchand, mais où l'on rencontre abbés, moines, pèlerins, paysans, tous peints d'après nature : l'œuvre est plus souvent ethnographique que romanesque avec les descriptions que donne le roman de ces fêtes religieuses et familiales qui jalonnent tout le cours de l'année. Langue et style sont empruntés à la culture orale, celle des contes, des chansons et des bylines, avec leurs stéréotypes et leurs répétitions ; Petcherski est un des premiers écrivains à utiliser, de façon souvent maladroite, le procédé du skaz, du « dit », dont Leskov s'inspirera. L'auteur hésite entre l'admiration (celle des slavophiles) pour les mœurs patriarcales et la critique, qui rappelle celle d'Ostrovski ou de Pissemski, de leur brutalité. Dans les montagnes (Na Gorach, 1882) est la suite de son premier roman, mais le récit se situe, cette fois, sur la rive droite de la Volga. Petcherski a juste le temps de finir, avant sa mort, son deuxième roman-fleuve.

— Alexis BERELOWITCH

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : agrégé de l'Université, maître de conférences à l'université de Paris-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Alexis BERELOWITCH. MELNIKOV PAVEL IVANOVITCH, dit ANDREÏ PETCHERSKI (1818-1883) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • RUSSIE (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Michel AUCOUTURIER, Marie-Christine AUTANT-MATHIEU, Hélène HENRY, Hélène MÉLAT, Georges NIVAT
    • 23 999 mots
    • 7 médias
    ...conjointe du caractère et du milieu. Au roman de mœurs, où l'intérêt se porte vers tel secteur déterminé de la société russe présente ou passée – Melnikov-Petcherski (Mel'nikov-Pečerskij, 1819-1883) en donne des exemples remarquables avec deux œuvres consacrées aux vieux croyants –, on peut opposer...

Voir aussi