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WOLLSTONECRAFT MARY (1759-1797)

Féministe anglaise née le 27 avril 1759 à Londres, morte le 10 septembre 1797 à Londres.

Issue du milieu agricole, Mary Wollstonecraft travaille en tant que directrice d'école et gouvernante, deux expériences qui influencent les réflexions qu'elle développe dans Thoughts on the Education of Daughters (1787). En 1788, elle devient traductrice pour l'éditeur londonien James Johnson, qui publie plusieurs de ses travaux, dont son premier roman, Mary : a Fiction (1788). Elle mûrit un ouvrage sur la place de la femme dans la société, A Vindication of the Rights of Woman (Défense des droits de la femme, 1792), dans lequel elle réclame l'égalité de traitement entre hommes et femmes en matière d'éducation.

Pendant la Révolution française, Mary Wollstonecraft quitte l'Angleterre pour s'installer, en 1792, à Paris, où elle vit avec un Américain, le capitaine Gilbert Imlay. Au printemps de 1794, elle donne naissance à une fille, Fanny. L'année suivante, déchirée par sa rupture avec Imlay, elle tente de mettre fin à ses jours.

Mary Wollstonecraft rentre à Londres et travaille de nouveau pour Johnson. Elle rejoint le groupe d'intellectuels influents qui se rassemblent chez lui, lequel comprend notamment William Godwin, Thomas Paine, Thomas Holcroft, William Blake et, à partir de 1793, William Wordsworth. En 1796, Mary Wollstonecraft entame une liaison avec Godwin, et, enceinte, l'épouse le 29 mars 1797. Ce mariage heureux est écourté : Mary Wollstonecraft Godwin meurt onze jours après avoir donné naissance à une seconde fille, Mary (qui épousera par la suite Shelley et rédigera Frankenstein).

A Vindication of the Rights of Woman est l'une des œuvres pionnières du féminisme. Publié en 1792, ce livre avance que le système éducatif transforme alors délibérément les femmes en êtres frivoles et incompétents. Elle postule qu'un système éducatif offrant aux filles les mêmes avantages qu'aux garçons formerait des femmes qui seraient, outre des épouses et des mères admirables, des ouvrières capables d'embrasser de nombreuses professions. D'autres féministes de la première heure avaient lancé des appels similaires en faveur d'une meilleure éducation des femmes. L'œuvre de Mary Wollstonecraft est cependant unique, car elle suggère que l'amélioration de la condition féminine passe par une réforme profonde du système éducatif national, un changement qui serait, selon elle, profitable à l'ensemble de la société.

La publication de Vindication suscite une vaste controverse, mais ne débouche sur aucune réforme immédiate. À partir des années 1840, les membres des mouvements féministes naissant en Amérique et en Europe reprennent néanmoins ses principes. L'ouvrage influence plus particulièrement les précurseurs de la lutte en faveur des droits des femmes aux États-Unis, notamment Elizabeth Cady Stanton et Margaret Fuller.

La vie de Mary Wollstonecraft a fait l'objet de plusieurs biographies, à commencer par celle que rédigea son mari, Memoirs of the Author of « A Vindication of the Rights of Woman » (1798). Celles qui datent du xixe siècle tendent à accentuer les aspects scandaleux de sa vie, au lieu de se concentrer sur son œuvre. Face au regain d'intérêt pour les droits des femmes qui apparaît à la fin du xxe siècle, plusieurs ouvrages se penchent à nouveau sur cette féministe. Sa correspondance, réunie et présentée par Janet Todd sous le titre The Collected Letters of Mary Wollstonecraft, est publiée en 2003.

— Universalis

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. WOLLSTONECRAFT MARY (1759-1797) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ROYAUME-UNI - Histoire

    • Écrit par Universalis, Bertrand LEMONNIER, Roland MARX
    • 43 835 mots
    • 66 médias
    ...la pensée est riche d'œuvres de poètes, comme Samuel Taylor Coleridge ou Robert Burns, de philosophes comme William Godwin et sa compagne, la féministe Mary Wollstonecraft, qui revendique les « droits de la femme ». Pitt s'effraye de l'épidémie révolutionnaire. Des poursuites de plus en plus dures sont...