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McCARTHY MARY (1912-1989)

Mary McCarthy est née à Seattle d'une famille aux origines juives, protestantes et catholiques à la fois. Sa mère s'était convertie au catholicisme après avoir épousé Roy McCarthy, de dix ans son aîné. L'un et l'autre allaient mourir en 1918 lors de 1'épidémie de grippe. La petite fille fut alors confiée à une grand-tante catholique très stricte ; c'est cette partie sombre de sa vie dans le Minnesota que raconte Mary McCarthy dans Memories of a Catholic Girlhood (1957). De retour à Seattle, elle fit des études dans un collège de religieuses où, a-t-elle dit, elle perdit la foi. Elle repartit ensuite dans l'Est où elle entreprit des études supérieures en littérature à Vassar. Après avoir obtenu son diplôme, elle s'installa à New York où elle se maria et fréquenta des milieux communistes sans être elle-même affiliée au parti. Elle devint grâce à Philip Rahv, un des éditeurs de la Partisan Review où elle tint la rubrique théâtrale. En 1938, elle épousa le critique et essayiste Edmund Wilson qui lui permit de rencontrer tous les grands écrivains de l'époque et l'encouragea à écrire de la fiction. Son premier livre, The Company she keeps (1942), est une sorte de roman fragmenté rassemblant six nouvelles fortement autobiographiques.

Après avoir quitté Edmund Wilson en 1945, elle alla enseigner la littérature à Bard College ; elle épousa plus tard Bowden Broadwater, et enseigna quelque temps à Sarah Lawrence College. C'est là qu'elle écrivit son second livre, Oasis (1949) ; comme le premier, il ne connut qu'un succès mitigé. Dépourvu d'action, il ressemble davantage à un conte philosophique. Il met en scène un groupe de « gauchistes » réunis dans une communauté utopique, au sommet d'une montagne.

Ses mariages successifs, sa carrière professorale et éditoriale, ses engagements politiques amenèrent Mary McCarthy à beaucoup se déplacer, entre New York, le Rhode Island, Castine dans le Maine, et l'Europe où elle passa de nombreuses années. Après la publication d'un recueil de nouvelles, Cast as a Cold Eye (1950), elle fit paraître un autre roman, The Groves of Academy (1952), qui dresse une critique cinglante du monde universitaire pendant l'époque maccarthyste. Le roman suivant, A Charmed Life (1955), est lui aussi très largement autobiographique. Il met en scène une romancière tentée par la marginalité. Pendant son séjour en Europe, Mary McCarthy écrivit des ouvrages sur les villes immortelles, Venice Observed (1956) puis The Stones of Florence (1959). Ce n'est qu'avec la publication de son roman suivant, The Group (1963), qu'elle atteignit enfin le succès. Certains la blâmèrent d'avoir cherché la facilité en mettant ainsi en scène huit étudiantes de Vassar et en multipliant les scènes sexuelles. Le livre est en fait une dénonciation du matérialisme arrogant de ces jeunes filles souvent ridicules.

Profitant de son succès, Mary McCarthy s'engagea avec ferveur dans la lutte contre la guerre du Vietnam, publiant successivement Vietnam (1967), Hanoi (1968), Medina (1972) ; elle prit aussi partie contre Nixon dans l'affaire du Watergate. C'est à cette époque enfin qu'elle écrivit son dernier roman, Birds of America (1971), où un étudiant de vingt ans découvre que l'évolution du monde moderne se fait aux dépens de la nature. L'intrigue est maigre, là encore ; le ton est comique et philosophique.

Prompte à dénoncer toutes les modes et toutes les compromissions, Mary McCarthy croyait, en politique, à ce qu'elle appelait « une sorte de socialisme libertaire ». En matière de littérature, elle avait horreur de la facilité et s'intéressait surtout, comme on le voit dans On the Contrary : Articles of Belief 1946-1961, aux textes exigeants. Elle n'hésita pas à dénoncer l'ambition de [...]

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Pour citer cet article

Maurice COUTURIER. McCARTHY MARY (1912-1989) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CORRESPONDANCE DE HANNAH ARENDT

    • Écrit par Alain BROSSAT
    • 1 565 mots

    Autant la réception de Hannah Arendt en France a été tardive, hésitante, voire rétive, autant la reconnaissance de sa stature de penseur du politique et de philosophe va bon train. La publication, en 1995 et 1996 respectivement, de sa correspondance avec deux de ses amis les plus proches – le philosophe...

Voir aussi