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GRUNBERG-MANAGO MARIANNE (1921-2013)

Biologiste française, Marianne Grunberg-Manago est née le 6 janvier 1921 à Petrograd (aujourd'hui Saint-Pétersbourg), quelques années après la révolution d'octobre. Alors qu'elle n'a que neuf mois, sa famille quitte le pays natal, devenu pour certains un foyer d'insécurité, et vient s'établir d’abord à Nice puis à Paris.

En 1943, elle obtient une licence en sciences naturelles à Paris et devient docteure ès sciences en 1947. Après un passage par le laboratoire de biologie marine de Roscoff, elle part pour les États-Unis en 1954 et rejoint le laboratoire de Severo Ochoa. Une part très significative de ses travaux aura pour théâtre les États-Unis. Sa réputation lui vaudra d'être la première femme à donner des cours au National Institute of Health (NIH) de Bethesda ; elle enseignera aussi à Harvard en 1958, et sera d'ailleurs nommée professeure associée de cette université en 1967.

C'est cependant à l'Institut de biologie physico-chimique de Paris que se déroulera pour l'essentiel sa carrière scientifique. Elle y gravira tous les échelons, y sera nommée chef de laboratoire (1959), puis chef de service (1967). Elle y dirigera un important groupe de recherches et aura tôt fait d'imprimer sa forte personnalité à tout l'établissement. De 1972 à 1982, elle se consacre également à l'enseignement de la biochimie à l'université de Paris-VII.

L'œuvre scientifique de Marianne Grunberg-Manago est consacrée à la biologie moléculaire, aux frontières de la biochimie, de la physico-chimie et de la génétique. Ses tout premiers travaux s'inscrivaient toutefois dans une problématique typiquement postpastorienne qui focalisait l'attention de nombreux microbiologistes et précéda l'essor de la génétique bactérienne proprement dite. En effet, l'inhibition par l'oxygène des processus fermentaires anaérobies ne cessait d'intriguer nombre de biochimistes qui s'efforçaient d'en préciser les points d'impact dans la cascade des réactions de fermentation du glucose. Sa thèse de doctorat, soutenue en 1947, concernera l'action de l'oxygène sur les bactéries « anaérobies strictes ». Cependant, les contributions les plus significatives, qui lui assureront la célébrité, concernent la compréhension à l'échelle moléculaire des mécanismes complexes de la synthèse protéique et de la détermination du rôle in vivo des divers éléments de la cellule intervenant dans cette synthèse. La transition entre la phase classique de ses recherches et la phase proprement novatrice sera réalisée à travers l'étude des processus de phosphorylation. Le début des années 1950 voit en effet l'émergence des premiers concepts sur les « liaisons riches en énergie » (Fritz Lipmann). L'attention se porte sur la phosphorylation de nombreux intermédiaires métaboliques de la respiration, tel que l'acétylphosphate. Marianne Grunberg-Manago va donc collaborer avec deux des plus grands spécialistes en ce domaine : Irwin C. Gunsalus, le découvreur de l'acide lipoïque, spécialiste du transfert des électrons dans les chaînes respiratoires, et Severo Ochoa, enzymologiste de renom qui s'intéresse au cycle de Krebs. Elle est ainsi amenée à étudier les mécanismes d'échange entre les orthophosphates et certains substrats dérivés de nucléosides, tels l'ADP (adénosine-diphosphate) et l'IDP (inosine diphosphate), étude qui la mettra sur la voie d'une découverte majeure, celle de la PNPase (polynucléotide phosphorylase).

La caractérisation de cette nouvelle et surprenante activité enzymatique, l'analyse de son mode d'action et, plus encore, l'étude des propriétés physico-chimiques des produits qui en résultent constitueront le point d'orgue de son œuvre. En effet, la mise en évidence de la première enzyme[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et François GROS. GRUNBERG-MANAGO MARIANNE (1921-2013) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Marianne Grunberg-Manago - crédits : Raphael Gaillarde/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Marianne Grunberg-Manago

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