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DABROWSKA MARIA (1889-1965)

Maria Da̧browska compte parmi les plus grands écrivains polonais du xxe siècle. Ses œuvres, traduites en de nombreuses langues, ont rencontré autant d'intérêt chez les critiques que de faveur dans le public, non seulement en Pologne, mais encore à l'étranger, en particulier dans les pays slaves, en Allemagne et en Hongrie.

L'indépendance d'esprit et le sens profond des responsabilités d'écrivain dont elle a fait preuve tout au long de sa carrière de journaliste et de critique lui ont valu une grande autorité, non seulement littéraire mais aussi morale.

Une enfant de la campagne

La création de Maria Da̧browska est nourrie des expériences historiques propres à la génération à laquelle elle appartient ; mais le souci du destin humain lui confère une portée générale. Elle représenta une intelligentsia issue de la classe ruinée des petits propriétaires terriens. Née à Russow, après une enfance passée à la campagne, elle fit ses études secondaires à Varsovie et ses études supérieures à l'étranger – en Suisse, en Belgique, en Angleterre et en France ; là, elle entra en contact avec les cercles de la jeunesse révolutionnaire et se prit d'un vif intérêt pour le mouvement coopératif, consacrant plusieurs publications à son développement en Finlande, en Belgique et en Angleterre, ainsi qu'à ses perspectives en Pologne.

Maria Da̧browska débuta dans les lettres par des ouvrages destinés à la jeunesse, mais ce sont deux volumes de nouvelles, U̇śmiech dzieciństwa (Le Sourire de l'enfance, 1923) et Ludzie stamta̧d (Les Gens de là-bas, 1925), qui établirent sa renommée d'écrivain. Dans le premier de ces recueils, elle évoque les souvenirs de son enfance, au cours de laquelle se formèrent son imagination et sa sensibilité artistique. Le second est consacré au sort du prolétariat rural. Dans des conditions matérielles désespérées, qu'elle présente avec une brutalité naturaliste, Maria Da̧browska montre ses personnages s'efforçant de sauvegarder leur dignité humaine en suivant une voie philosophique ou métaphysique. Cela la conduit à les doter d'une curieuse vie intérieure. Les valeurs qu'elle percevait dans cet univers de misérables, d'infirmes, de malades, de dévoyés débouchent sur une louange de la vie que les critiques ont comparée à celle du Tourgueniev des Mémoires d'un chasseur.

Au cours des années 1928-1934, elle écrit et publie son œuvre la plus considérable, le grand cycle romanesque Noce i Dnie (Les Nuits et les Jours). Contrairement aux expériences tentées alors dans le roman, en Pologne comme ailleurs, Maria Da̧browska, remarquablement informée sur le développement de la prose européenne (comme l'attestent ses nombreuses études critiques d'écrivains polonais et étrangers, entre autres de son auteur préféré J. Conrad), choisit délibérément les traditions du réalisme épique.

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres de l'université de Cracovie, maître de conférences associé à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Stanislaw FRYBES. DABROWSKA MARIA (1889-1965) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • POLOGNE

    • Écrit par Jean BOURRILLY, Universalis, Georges LANGROD, Michel LARAN, Marie-Claude MAUREL, Georges MOND, Jean-Yves POTEL, Hélène WLODARCZYK
    • 44 233 mots
    • 27 médias
    ...rythme de la phrase et la construction non linéaire de l'action (Les Ailes noires, CzarneSkrzydła, 1928). Moins éprise d'innovation formelle, Maria Da̧browska (1889-1965) peint dans une grande saga familiale l'évolution de la noblesse polonaise depuis la fin du xixe siècle (Les Nuits...

Voir aussi