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SCHNEIDER MARCEL (1913-2009)

Indéfectiblement, c'est sous la bannière de la défense et l'illustration du genre fantastique que se situe, depuis ses tout premiers livres, le conteur et romancier Marcel Schneider.

Il partage le temps de son enfance entre Paris, où il naît, et l'Alsace des vacances familiales. Il fera de cette région, selon ses propres termes, une « véritable idole sentimentale et lieu de tous les délices du souvenir » ; elle sera le théâtre de maint récit. Nul mieux que lui n'en contera les paysages mystérieux avec ruines, les chaudes coutumes de Noël, le destin bouleversé par les guerres successives. Ainsi qu'il le revendique avec force, son ascendance littéraire sera constamment dominée par les hautes statures du romantisme allemand, les Hoffmann, Tieck, Novalis, Arnim, qui ont tant de mal à s'acclimater en France. L'alchimie, la mystique chrétienne, le catharisme et la matière de Bretagne (La Branche de Merlin, 1962) procureront à Marcel Schneider d'autres thèmes dominants. Son premier livre datant de 1947 (Le Granit et l'absence, repris en 1974 dans le recueil Déjà la neige, précédé de Discours du fantastique), on mesure la puissance du courant contraire qu'il dut affronter, dans une époque qui, d'un côté, connut la prépondérance de « l'engagement » ou du « monde réel » et, de l'autre, proclama un peu rapidement que la science-fiction avait supplanté le fantastique.

Marcel Schneider apparaît volontiers comme le puriste du genre. Quand, par exemple, un Roger Caillois élimine le problème de la croyance dans les phénomènes obscurs auxquels recourent les écrivains fantastiques, en insistant sur le jeu avec la peur, Marcel Schneider refuse de s'en tenir là. Il croit que « le fantastique existe en lui-même, à côté de la science, de l'ésotérisme, de la magie. C'est un moyen particulier de connaissance qui possède sa propre perfection. »

Marcel Schneider est l'auteur de romans parmi lesquels Le Chasseur vert (1949), La Première Île (1951), Le Guerrier de pierre (1969), Mère Merveille (1983), Un été sur le lac (1989), Le Chasseur vert (1994), de recueils de récits brefs dont Aux couleurs de la nuit (1955), La Lumière du Nord (1982), Histoires à mourir debout (1985), La Fin du carnaval (1987). Au cœur de ces récits apparaît toujours un phénomène insolite, onirique, surnaturel, dont l'effet sur la sensibilité des personnages forme le véritable sujet. Bien souvent, c'est dans un temps daté, historique, que se manifeste le surnaturel, et ce contraste renforce chez les héros la volonté farouche de « dépasser les choses transitoires ». L'Éternité fragile est le titre de ses Mémoires publiés en quatre tomes de 1990 à 1993 et qui font la jonction entre vie imaginaire et vie réelle.

Critique musical, Marcel Schneider est aussi l'auteur d'ouvrages consacrés à Schubert et à Wagner. Des essais sur des poètes et des musiciens composent La Symphonie imaginaire (1989).

— Jacques JOUET

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Jacques JOUET. SCHNEIDER MARCEL (1913-2009) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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