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FRATELLINI LES

Les frères Fratellini, vers 1930 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Les frères Fratellini, vers 1930

À l'origine, les Fratellini étaient quatre frères : Louis (Florence, 1868-Varsovie, 1909) ; Paul (Catane, 1877-Le Perreux-sur-Marne, 1940) ; François (Paris, 1879-1951) et Albert (Moscou, 1885-Épinay, 1961).

À partir de 1894, les aînés travaillèrent ensemble : Louis comme clown et Paul comme auguste ; ils exécutaient ce que l'on appelle en terme de métier des « reprises », c'est-à-dire des intermèdes comiques entre les numéros. François, qui fut d'abord écuyer, avait monté avec Albert un numéro acrobatique burlesque en gentleman 1900. À la mort de Louis, Paul, François, Albert décidèrent de former un trio ; ils avaient tant de possibilités acrobatiques, équestres, musicales, de danse, de mime, etc. qu'ils trouvèrent rapidement leur voie.

On peut considérer que les Fratellini furent les premiers dans l'art clownesque à instaurer un trio parfaitement équilibré et harmonieux : François, le clown, était un artiste exceptionnel, d'une rare élégance, malicieux, farceur et d'une autorité non agressive ; il était le modèle du genre, il était la grâce. Paul créa, dans cet art difficile, une fonction nouvelle incarnée par un personnage nouveau : le contre-pitre ; auguste raffiné et sensible, il manifestait cependant une certaine exubérance et une verve tout italienne ; avec François il menait le jeu, traçant la structure et développant l'argument des « entrées » (on appelle « entrées » les comédies clownesques d'un abondant répertoire, par contraste avec les « numéros » de cirque définitivement et invariablement établis). Enfin Albert, l'auguste, cultivait avec bonheur une apparence outrancière pour mieux exprimer la profonde délicatesse de son jeu nuancé et subtil ; c'était un excellent mime.

On a dit des Fratellini qu'ils étaient auteurs des entrées qu'ils présentèrent dans le monde entier. En fait, ils s'inspirèrent d'un répertoire classique, proche de la commedia dell'arte, dont on ignore les sources, mais ils donnèrent une telle originalité et un tel développement à leurs propres trouvailles que les arguments traditionnels prirent une tout autre dimension. En cela, il n'est pas abusif de les comparer aux grandes figures du cinéma comique qui, plus tard, puisèrent dans un fond commun des idées parfois précaires et dont leur génie inventif faisait une œuvre. Ils eurent néanmoins des détracteurs qui leur reprochèrent une abondance de moyens et une utilisation excessive de matériel hétéroclite dans leur travail. Mais c'est sans doute aussi de cet excès que se dégageait, outre un climat drolatique, un lyrisme certain.

La séduction des Fratellini opéra pendant de nombreuses années sur un large public ; ils donnèrent au cirque un rayonnement exceptionnel ; ainsi Jean Cocteau, Fernand Léger, Colette, Marcel Achard, Jacques Copeau et tant d'artistes, d'écrivains, de musiciens s'attachèrent à leur univers. On vint les voir à Médrano et au cirque d'Hiver à chaque programme, on leur rendit visite dans leur loge, on assista à leurs répétitions pendant dix-huit ans : de 1914 à 1932.

Ils avaient fait école et l'on assista à l'éclosion de plusieurs trios, puisant à leur tour, par tradition, leur propre inspiration dans les trouvailles des Fratellini.

— Pierre ÉTAIX

— Annie FRATELLINI

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Pour citer cet article

Pierre ÉTAIX et Annie FRATELLINI. FRATELLINI LES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Les frères Fratellini, vers 1930 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Les frères Fratellini, vers 1930

Autres références

  • CLOWN

    • Écrit par Tristan RÉMY
    • 2 719 mots
    • 2 médias
    ...n'est plus qu'un souvenir. Les clowns musicaux et leurs instruments fantaisistes disparaissent à leur tour. On ne les retrouve, de-ci de-là, que dans quelques vieilles équipes clownesques : lesFratellini avec le flexatone et le jazzo-flûte, les Dario avec les sifflets harmoniques et les pavés sonores.

Voir aussi