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MALAYĀḶAM LANGUE & LITTÉRATURE

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Le malayāḷam, langue officielle du Kēraḷa, est parlé aussi aux îles Laquedives, ainsi que par les minorités malayāli du Sud-Est asiatique, soit environ 34 millions de locuteurs. Langue dravidienne, elle est si proche du tamoul malgré des divergences phonétiques, morphologiques ou sémantiques profondes, qu'on a conclu parfois à tort à un rapport de filiation entre les deux langues, thèse aujourd'hui rejetée avec d'autant plus de force que le malayāḷam se console mal d'avoir été tributaire du tamoul pour les débuts de son histoire culturelle. Deux influences, sanskrite et tamoule, grèvent la littérature malayāḷam jusqu'au xve siècle ; depuis, l'impact occidental n'a cessé de se manifester. Mais, influençable plus que vulnérable, le malayāḷam a toujours reconquis son originalité sur ses modèles, créant l'une des littératures modernes les plus brillantes de l'Inde, pour la population la plus scolarisée du sous-continent. Le Kēraḷa fascine autant par certaines structures sociales archaïsantes, par son folklore et ses superstitions que par le modernisme révolutionnaire de ses idéologues ou de ses politiciens. Sa littérature exprime tous ses contrastes dans une langue accessible à tout son peuple, ce qui explique son ampleur et sa diffusion.

Un départ incertain

Les inscriptions du ixe au xiiie siècle mêlent encore tamoul et malayāḷam, garantissant l'existence de ce dernier, sans prouver son autonomie littéraire. Celle-ci est certaine dans l'inscription d'Āṛṛūr, de 1251, plus proche de la langue réelle que les œuvres de la même époque, artificiellement tamoulisées ou sanskritisées. Le Līlātilakam (xive s.), traité sanskrit sur la combinaison particulière de malayāḷam et de sanskrit qu'on appelle maṇipravāḷam, définit sous le nom de pāṭṭu un genre parallèle associant malayāḷam et tamoul, représenté par le Rāmacaritam (xiie-xiiie s.), premier Rāmāyaṇa du Kēraḷa. Aux xive et xve siècles, les Chants des Kaṇṇaśśan donnent au malayāḷam sa Gītā, un Mahabhārata et le Rāmāyaṇa de Rāma Paṇikkar, grâce auxquels on mesure le chemin parcouru vers un affranchissement de la langue. Le sanskrit par ailleurs envahissait la poésie par l'intermédiaire du maṇipravāḷam : sujets érotiques, délicates peintures des héroïnes (Uṇṇiyāṭicarita) ou de leurs amours (Uṇṇunīliśandesa), puis grands thèmes mythologiques, prétextes à l'évocation ou à la satire du monde contemporain (Rāmāyaṇa campū, Bhārata campū de Punam, œuvres de Maḷamaṅgalam, Candrotsavam). La littérature de campū dura jusqu'au xxe siècle, mais son rôle est achevé dès le xve siècle : développer la poésie verbale et greffer sur les thèmes traditionnels un élément de sensibilité, de réflexion ou de verve. Les Chants à Kṛṣṇa de Ceruśśēri (xve s.) sont le premier classique : l'érudition sanskrite, le sujet puranique (la geste du dieu Kṛṣṇa) sont maîtrisés dans un malayāḷam naturel où l'aisance confine à l'esthétisme avec une pointe d'humour.

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, directeur de l'École française d'Extrême-Orient

Classification

Pour citer cet article

François GROS. MALAYĀḶAM LANGUE & LITTÉRATURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • CERA ou CHERA LES (VIIIe s.)

    • Écrit par
    • 519 mots

    Nom antique du Kerala et des premières dynasties ayant régné sur cette province de l'Inde, appelée aussi Malabār. C'était l'une des composantes du Trairajiya, c'est-à-dire des « trois-royaumes » tamouls. À la différence des deux autres royaumes, ceux des Cōla et des Pandya, situés sur la façade...

  • INDE (Arts et culture) - Langues et littératures

    • Écrit par , et
    • 10 472 mots
    • 3 médias
    ...siècle, suppose un ou deux siècles de productions antérieures ; l'écriture évoluée du kannaḍa et la littérature telugu naissent vers le xie siècle, le malayālam enfin au xiiie siècle. Le premier texte tuḷu imprimé est une traduction de l'Évangile de saint Matthieu (1842) et, avec d'autres productions...