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LA CONNAISSANCE DE LA DOULEUR, Carlo Emilio Gadda Fiche de lecture

Carlo Emilio Gadda - crédits : Mondadori Portfolio/ Bridgeman Images

Carlo Emilio Gadda

Carlo Emilio Gadda (1893-1973) commence à écrire La Connaissance de la douleur, son texte le plus personnel et le plus célèbre, en 1937, à quarante-quatre ans, au moment où il décide d'arrêter son travail d'ingénieur. Un an après la mort de sa mère, il va ainsi tenter de régler ses comptes avec l'enchevêtrement de haines et de déceptions que celle-ci avait pu incarner.

Le récit, publié d'abord dans la revue Letteratura, entre 1938 et 1941, ne sera édité en volume qu'en 1963, augmenté de deux chapitres repris d'un autre recueil, L'Adalgisa. Précédé d'une introduction de Gianfranco Contini et d'un faux dialogue, L'Éditeur demande pardon de la récupération en mettant l'Auteur en cause, qui contient des indications sur les significations que Gadda attribue à l'œuvre, il s'achève avec une poésie, Automne. Le roman reçoit le prix international de Littérature en 1967. Une dernière édition en 1970 comporte l'ajout de deux chapitres qui offrent au texte, à travers la mort de la mère, l'apparence d'une conclusion.

Mère et fils

Dans sa version définitive, La Connaissance de la douleur présente quelques moments de la réalité d'un pays sud-américain imaginaire, le Maradagàl, à peine sorti d'une guerre ruineuse contre le Parapagàl – deux pays inspirés par une expérience réelle, car l'auteur, de 1922 à 1924, a vécu et travaillé en Argentine. Le récit se resserre autour d'une région, la Néa Keltiké, appartenant à l'arrondimiento du Serruchón, et d'une localité, Lukones, où surgissent grandes et petites villas bâties par les bourgeois de la métropole voisine. Dans ces géographies « saupoudrées de créole » (G. F. Contini), on reconnaît la Lombardie et Milan, avec sa campagne, la Brianza, autant de lieux qui soulignent le caractère autobiographique de l'œuvre.

Le protagoniste, Gonzalo Pirobutirro d'Eltino, ingénieur neurasthénique et comparé à un « hidalgo » déchu, habite dans une de ces villas : il nourrit des projets littéraires et vit avec sa mère, dans une solitude rageuse et désespérée, exacerbée par la haine du groupe social qui l'entoure – petits-bourgeois et paysans pauvres et incultes, auxquels sa mère offre bienveillance et disponibilité, ce qui exaspère le rapport agressif que Gonzalo entretient avec elle. L'idée de la villa de campagne – autre protagoniste à part entière, symbole de la propriété –, à laquelle les parents de Gonzalo ont sacrifié leurs économies, ainsi que l'adolescence et le bonheur de leurs enfants, joue ici le rôle révélateur des rapports entre mère et fils, entre un passé aux souvenirs terribles et un présent qui ne reçoit, comme éclairage, que l'ombre de ce passé.

Gonzalo va refuser la protection d'une association de gardiens de nuit (métaphore du régime fasciste). Un soir où il est absent, sa mère est mortellement blessée dans son lit par des coups à la tête, mais les raisons et les circonstances de sa mort restent mystérieuses.

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Pour citer cet article

Jean-Paul MANGANARO. LA CONNAISSANCE DE LA DOULEUR, Carlo Emilio Gadda - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Carlo Emilio Gadda - crédits : Mondadori Portfolio/ Bridgeman Images

Carlo Emilio Gadda

Autres références

  • GADDA CARLO EMILIO (1893-1973)

    • Écrit par Jean-Paul MANGANARO
    • 2 815 mots
    • 1 média
    Dans La Connaissance de la douleur, dont la composition s'échelonne sur trente-deux ans (de 1938 à 1970) et qui restera inachevée, la tension constante entre absolu et éphémère recrée ce mal originaire et fondateur à l'égard duquel aucun salut n'est possible. Là aussi, on repère une archéologie, celle...

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