Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

L'ORFEO (C. Monteverdi)

Chef-d'œuvre fondateur du répertoire lyrique occidental, L'Orfeo fut créé le 24 février 1607 au Palazzo Ducale de Mantoue, dans les appartements de la duchesse de Ferrare, sœur du duc de Mantoue, Vincenzo Gonzaga. L'Accademia degli Invaghiti formait le public de la première représentation. Deux autres représentations suivirent, réservées aux familiers de la famille ducale.

L'héritier du duc, Francesco Gonzaga, était le commanditaire de l'œuvre. Il est le dédicataire de la partition, imprimée à deux reprises (1609, 1615) avec des détails exceptionnels d'orchestration et de mise en scène.

Alessandro Striggio (1573 ?-1630), secrétaire particulier du duc, diplomate et humaniste, signa un livret puissamment organisé, empli de symétries que Monteverdi amplifia par le truchement des formes musicales. Striggio émailla ses vers de subtiles références à La Divine Comédie de Dante, à la poésie de Pétrarque ainsi qu'aux écrits philosophiques des néoplatoniciens du xve siècle Marsilio Ficino (Marsile Ficin, « l'Orphée des Médicis ») et Angelo Poliziano (Angelo Ambrogini, dit Ange Politien), auteur d'une Fabula di Orfeo représentée à Mantoue en 1480, qui marque la naissance du théâtre en langue italienne.

La distribution originelle reste hypothétique. On sait avec certitude que le castrat florentin Giovanni Gualberto Magli, élève de Giulio Caccini et virtuose renommé, chanta les rôles de La Musica, de Proserpina, et peut-être de Speranza. Le ténor virtuose Francesco Rasi, pionnier du nouveau « style récitatif » florentin, chantait vraisemblablement le rôle-titre, tandis que le castrat soprano Giovanni Maria Bacchini devait incarner Eurydice.

Argument

L'action se déroule dans les plaines de Thrace (actes I, II et V), à l'entrée des Enfers (acte II) et dans le séjour des morts (acte IV).

Prologue. La Musica descend de la demeure des Muses pour saluer les nobles commanditaires de l'œuvre, évoquer les pouvoirs de son art et annoncer la fable de son héros, Orphée.

Monteverdi, Orfeo, Lasciate i monti - crédits : CEFIDOM / Encyclopædia Universalis France

Monteverdi, Orfeo, Lasciate i monti

Acte I. Devant les temples d'Hyménée et Apollon, les Nymphes et les Bergers célèbrent les noces d'Orphée et Eurydice. Ils évoquent les tourments endurés par Orphée avant qu'Eurydice accepte son amour. Les deux époux interviennent une fois chacun, au centre de l'acte. Orphée célèbre son père divin, Le Soleil (Apollon), avant d'évoquer la perfection de son amour. Eurydice dit simplement son bonheur absolu. Le chœur final rappelle les épreuves passées et se conclut par l'évocation jubilatoire du bonheur d'Orphée.

Acte II. Deux parties s'opposent pour former la première péripétie du drame. Une pastorale ouvre l'acte, ponctuée de canzonettas des Bergers et d'une chanson d'Orphée : tous se réjouissent. Mais tout s'assombrit brutalement à l'entrée d'un nouveau personnage : Silvia, la Messagère. Dans un poignant récit, elle narre la mort accidentelle d'Eurydice, mordue par un serpent tandis qu'elle cueillait des fleurs. Lorsque Orphée sort de sa stupeur, il annonce sa résolution de descendre aux Enfers pour en ramener son épouse. Le chœur final est une longue lamentation funèbre.

Acte III. Véritable apogée de l'œuvre, cet acte suit une forme dramatique et musicale strictement symétrique. Orphée est accompagné à la porte des Enfers par l'Espérance (une vertu chrétienne). Elle lui montre le sombre marécage et l'effrayant Nocher, et s'éloigne. Orphée est une première fois la proie du désespoir. Charon lui interdit le passage. Le chanteur s'élance dans une longue aria, « Possente Spirto », où il fait la démonstration de tous les pouvoirs de son chant : virtuose, séduisant, émouvant, il va jusqu'à évoquer par son chant surhumain l'harmonie des sphères. Charon reste cependant sourd à son chant. Orphée, à[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur d'analyse et de culture musicale à l'École nationale de musique de Montbéliard et au Conservatoire national supérieur de musique de Paris

Classification

Pour citer cet article

Denis MORRIER. L'ORFEO (C. Monteverdi) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Monteverdi, Orfeo, Lasciate i monti - crédits : CEFIDOM / Encyclopædia Universalis France

Monteverdi, Orfeo, Lasciate i monti

Voir aussi