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PENDERECKI KRZYSZTOF (1933-2020)

Né à Debica, en Pologne, le 23 novembre 1933, Krzysztof Penderecki a vécu une longue partie de son existence sous un régime socialiste. Paradoxalement, il a accordé la place la plus importante à la musique liturgique, située réellement au centre de son œuvre.

Après avoir étudié au Conservatoire de Cracovie, Penderecki reçoit dès 1959, le prix de l'Union des compositeurs polonais. Parmi les œuvres qui ont déterminé le choix du jury : Les Psaumes de David (1958), pour chœur, deux pianos, célesta, harpe, quatre contrebasses et percussion, première œuvre sacrée du compositeur. Après Anaklasis, pour cordes et percussions, créé en 1960 au festival de musique contemporaine de Donaueschingen, il donne en 1962 le Stabat Mater, pour trois chœurs a cappella, intégré par la suite dans la grande œuvre à laquelle il travaille de 1962 à 1965, La Passion selon saint Luc, qui sera créée en 1966. En 1967 naît le Dies irae, à la mémoire des victimes d'Auschwitz (pour soli, chœur et orchestre) et, en 1970, L'Aurore (pour solistes, deux chœurs et orchestre) à partir de textes orthodoxes anciens, tandis que Utrenja (pour une formation similaire, 1969-1971) évoque et recrée la liturgie russo-byzantine.

L'orientation esthétique de Penderecki n'est pas pour autant tournée vers le passé. Même dans ce domaine sacré, la démarche de la création n'a de sens pour lui que si la musique du passé parvient à rejoindre les directions les plus nouvelles de la musique : il en va ainsi du langage sériel, qui doit pouvoir rejoindre le grégorien, ou du choix de supports électroacoustiques dans des œuvres liturgiques : Psalmus (musique électronique, 1961), Ekechejria (pour bande magnétique, 1972).

C'est du reste la nouveauté et l'originalité de son langage qui, avec Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima (1961), a attiré en premier lieu sur le compositeur l'attention internationale ; l'œuvre est conçue pour un ensemble de cinquante-deux instruments à cordes. La recherche sur les sons (emploi des clusters), sur le timbre des instruments à cordes (glissandi, bois tapé, cordes frottées) et même sur les objets « musicaux » (sirène, sifflet, machine à écrire, sonnerie électrique, etc.) font partie intégrante de son écriture. Pour lui, tous ces éléments doivent soit tendre à se fondre, soit mettre en évidence un fond sonore continu très représentatif de son style. Penderecki pratique volontiers la progression par blocs sonores ou par « nappes de sons ».

À partir du milieu des années 1970, Penderecki va cependant peu à peu abandonner les aspects avant-gardistes de son langage, ce qui lui vaudra des jugements très sévères de la part du milieu musical, mais l'assentiment du grand public. Son écriture s'enferme dans une néotonalité postromantique, se teinte de germanisme – le Requiem polonais (1980-1984) évoque Un requiem allemand de Brahms –, se rapproche, l'expression de la foi en plus, de la « nouvelle simplicité » allemande. En témoignent le Te Deum, pour soli, deux chœurs mixtes et orchestre (1979-1980), le Chant de Chérubin, pour chœur mixte a cappella (1987), Benedicamus Domino, pour chœur d'hommes a cappella, l'oratorioSeven Gates of Jerusalem, pour soli, récitant, trois chœurs mixtes et orchestre (1996), le Credo, pour soli, chœur d'enfants, chœur mixte et orchestre (1998), Sanctus et Benedictus, pour chœur d'enfants a cappella (2002).

Son œuvre sacrée ne doit pas faire oublier une création importante dans l'ordre symphonique et concertant : Première Symphonie (1973), Deuxième Symphonie « Wigilijna » (« Symphonie de Noël » 1980), Troisième Symphonie (1988-1995), Adagio (Quatrième Symphonie, 1989), Cinquième Symphonie (1991-1992), Sinfonietta per archi, pour orchestre à cordes (1992) ; Deuxième Concerto pour violoncelle, créé par[...]

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Écrit par

  • : musicologue, journaliste, critique, écrivain
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Pour citer cet article

Universalis et Brigitte MASSIN. PENDERECKI KRZYSZTOF (1933-2020) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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