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WRÉSINSKI JOSEPH (1917-1988)

« Là où les hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l'homme sont violés. S'unir pour les faire respecter est un devoir sacré » (Père Joseph).

Quatre mois avant son décès survenu le 14 février 1988, le fondateur et secrétaire général du Mouvement international A.T.D. quart monde a fait graver cette inscription sur le parvis des Libertés et des Droits de l'homme au Trocadéro. Ce geste résume le message de celui qui a rencontré la misère du xxe siècle et qui l'a comprise dans l'histoire d'autres temps. Dans le même esprit, l'abbé Joseph Wrésinski avait été l'inspirateur et le rapporteur des propositions du texte Grande Pauvreté et précarité économique et sociale, votées à une très large majorité, en février 1987, par le Conseil économique et social français.

Né en 1917 à Angers, dans une famille très pauvre, Joseph Wrésinski accédera, après son certificat d'études et un apprentissage de pâtissier, à la formation du séminaire, grâce à une famille de l'Aisne qui lui paiera ses études et l'attachera au diocèse de Soissons, où il sera ordonné prêtre à vingt-neuf ans et aura la charge de paroisses rurales de 1946 à 1956. À partir de 1957, il peut exprimer plus radicalement son engagement vis-à-vis des plus pauvres. Nommé aumônier d'un camp créé à l'appel de l'abbé Pierre et qui accueille à Noisy-le-Grand 252 familles sans abri, il décide de partager leur condition et ne tarde pas à créer avec elles ce qui deviendra le mouvement international Aide à toute détresse quart monde.

« D'avoir vécu moi-même avec ma mère, mes frères et ma sœur la plus extrême pauvreté, expliquait-il, d'avoir été formé par mon Église m'avait appris que ces hommes, mes frères, au plus profond d'eux-mêmes, ne voulaient pas vivre ainsi. Qu'ils n'attendaient pas non plus la charité publique, l'entraide des secours, mais la reconnaissance de leur dignité. Cela malgré leur apparence et leurs comportements d'hommes façonnés par la misère. La chance de savoir cela pour l'avoir vécu est un privilège qui change littéralement tout pour l'effort à entreprendre. Car il conduit à faire appel directement aux familles, avant même de se tourner vers le monde environnant pour les aides et la solidarité à obtenir. »

Dès les premiers temps de son installation parmi les familles du bidonville de Noisy-le-Grand, il commença par faire en sorte qu'elles soient prises au sérieux et dignement reçues à l'O.N.U., à l'U.N.E.S.C.O., au Vatican, etc. « J'ai été hanté, disait-il, par l'idée que jamais ce peuple ne sortirait de sa misère, aussi longtemps qu'il ne serait pas accueilli, dans son ensemble, en tant que peuple, là où discutaient et débattaient les autres hommes. »

En poursuivant ce but, Joseph Wrésinski a peu à peu, selon son expression, « remembré ce peuple » qui a reconnu en lui un porte-parole. Il a aussi réuni des femmes et des hommes de toutes conditions sociales et de toutes nationalités pour permettre aux plus pauvres une vie associative dans une perspective de liberté et de culture. Pénétré de l'histoire de la souffrance et de l'espoir des plus pauvres, il a renouvelé profondément la manière de les aborder, ce qui explique le caractère original de toutes ses initiatives : programmes d'action avec les familles, Institut de recherche et de formation aux relations humaines, action auprès des organisations internationales ou encore fondation des réseaux de relations avec des gens de terrain dans cent six pays.

Pour lui, le pauvre n'est pas un être qui ne peut pas donner de contrepartie et qui n'a donc aucun droit sur ceux qui l'aident. Il n'est pas non plus un être qui doit être éduqué afin de rentrer dans le jeu social dont il est exclu. Il est d'emblée un[...]

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Louis JOIN-LAMBERT. WRÉSINSKI JOSEPH (1917-1988) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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