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TRNKA JIŘI (1912-1969)

Jiri Trnka - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Jiri Trnka

Réalisateur tchèque de films d'animation, principalement conçus avec des poupées. Tour à tour peintre, décorateur de théâtre et illustrateur de livres pour enfants, Trnka crée, peu avant la Seconde Guerre mondiale, un théâtre de marionnettes, le Théâtre de bois ; dès la fin des hostilités, il fonde avec quelques amis un atelier d'animation, installé au cœur de Prague, qui restera indépendant à travers vents et marées. Il y réalise des dessins animés (six, de 1945 à 1954) et des films de poupées (dix-neuf, de 1947 à 1965, dont six de long métrages) ; l'ensemble représente l'apport le plus fécond et le plus original du film d'animation. Il écrit les scénarios, compose ses décors, dessine et sculpte ses « acteurs », et joue en artiste de la couleur. C'est un auteur complet.

À travers les petits personnages créés par Trnka apparaissent toute l'angoisse et la sensibilité de l'homme contemporain, du Tchèque en particulier, dont deux guerres et des transformations politiques profondes ont saccagé la vie, sans lui faire perdre la foi dans les valeurs fondamentales de l'homme. C'est ainsi qu'après le soulagement et la joie qu'apportent le rappel satirique des souvenirs de guerre et l'exaltation de la fierté des résistants dans Le Diable à ressorts (Pérák à SS, 1946), il affirme dans l'Année tchèque (Špaliček, 1947), la vitalité du peuple et sa quête d'une société heureuse. Pendant les années noires de la Tchécoslovaquie et le régime de terreur qui s'y instaure, Trnka se tourne vers le passé et entretient, en revenant à leurs sources, les qualités tchèques de confiance et de gravité à travers des récits de fiction où apparaissent le rythme de la terre, celui de la vie et de la mort, celui des règnes politiques. De cette période datent Le Rossignol de l'empereur de Chine (Cisařiu slavik, 1948) ; Le Prince Bajaja (Barjasja, 1950) ; Les Vieilles Légendes tchèques (Staré povesti české, 1953) ; Le Brave Soldat Chvéik (Dobry Vojak Svek, 1954-1955). Lorsque la déstalinisation atteint enfin la Tchécoslovaquie (1960), la satire de Trnka se développe et ses films gagnent en intensité dramatique. C'est le monde dans lequel il vit qu'il regarde désormais de son œil lucide, goguenard : La Passion (Vášeň, 1961) stigmatise la passion de la vitesse ; La Grand-Mère cybernétique (Kybernetická babička, 1962) refuse que « sous n'importe quelle forme la technique en vienne à terroriser l'homme » ; La Main (1965) enfin, aux multiples niveaux de lecture, est sans conteste une méditation pessimiste sur la liberté, testament d'un créateur qui mourut peu après le Printemps de Prague et l'occupation soviétique, sans savoir que son dernier film serait frappé d'interdit.

— Victor BACHY

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Pour citer cet article

Victor BACHY. TRNKA JIŘI (1912-1969) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Jiri Trnka - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Jiri Trnka

Autres références

  • CINÉMA (Cinémas parallèles) - Le cinéma d'animation

    • Écrit par Bernard GÉNIN, André MARTIN
    • 17 657 mots
    • 6 médias
    ...des canons caricaturaux et rythmiques du dessin animé américain. En prenant la tête des studios d'animation de Prague, le peintre et illustrateur Jiří Trnka pousse la simplification graphique et la justesse caricaturale à un degré insolent d'économie et de nouveauté : Le Cadeau (Darek), 1946....

Voir aussi