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TEILLAC JEAN (1920-1994)

Une vie professionnelle pleinement dévouée à la science et au service de son pays, telle est bien celle de Jean Teillac. Héritier des grands pionniers de la science nucléaire française, formé par Irène et Frédéric Joliot-Curie, il s'est trouvé placé, quand il parvint aux postes de responsabilité, à la charnière entre les questions relevant de la science, de la politique et des problèmes de société.

Issu du monde paysan, attaché à sa Corrèze natale (Marcillac-la-Croisille), il enseigna pendant deux ans comme instituteur avant de s'inscrire à la faculté des sciences de Paris. C'est à cette époque qu'il épousa l'étudiante en médecine, elle aussi futur professeur, qui l'accompagna tout au long de sa vie, et dont il eut trois enfants. Attiré par la recherche, il est remarqué par Irène Joliot-Curie, qui l'intègre dans l'équipe de l'Institut du radium, où il prépare sa thèse de doctorat en physique nucléaire. Après la mort d'Irène puis de Frédéric Joliot, il succède en 1959 à ce dernier à la fois comme directeur de l'Institut du radium et comme titulaire de sa chaire de professeur. Ce dernier titre est et restera pour lui un grand honneur, mais c'est aussi une charge exigeante : “L'amateurisme n'est pas de mise devant un amphithéâtre de trois cents personnes”, aimait-il à rappeler.

Successeur de Joliot, il l'est aussi comme directeur de l'Institut de physique nucléaire, qui vient d'être créé dans la toute nouvelle faculté des sciences d'Orsay. Le site est vaste, il va pouvoir y installer un grand laboratoire de physique nucléaire. Plus tard, une synergie sera recherchée avec le Centre d'études nucléaires de Saclay, qui lui est proche.

À la fin des années 1960, la physique nucléaire pratiquée dans les universités et au C.N.R.S. apparaît comme trop dispersée. Il faut de grands appareils à vocation nationale pour les nouveaux besoins de la recherche. Avec André Blanc-Lapierre, Jean Teillac se fait le protagoniste tenace d'une réforme du C.N.R.S. permettant une organisation fédérative. Son pouvoir de persuasion bouscule les réticences : en 1971 est créé au sein du C.N.R.S. l'Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3), dont Jean Teillac est nommé directeur. Cet institut gérera les grands équipements communs et coordonnera, avec le Commissariat à l'énergie atomique (C.E.A.), la participation des différents laboratoires français au Centre européen de recherches nucléaires (C.E.R.N., devenu ensuite le Laboratoire européen pour la physique des particules). En outre, un partenariat fécond entre l'IN2P3 et le C.E.A. permettra la création de nouveaux laboratoires nationaux, tels Saturne à Saclay et le grand accélérateur national à ions lourds (G.A.N.I.L.) à Caen, dont le rayonnement dépasse rapidement les frontières de la France.

Le professeur Jean Teillac est nommé en 1975 haut-commissaire à l'énergie atomique, charge qu'il assumera pendant dix-huit ans. À ce titre, il est appelé à jouer un rôle essentiel à la fois dans le choix des orientations scientifiques du C.E.A. et dans le domaine de la sûreté. En matière militaire, ses responsabilités de sûreté sont particulièrement importantes et débordent largement le cadre du C.E.A. : il préside le comité d'étude chargé du contrôle de la sécurité des systèmes d'armes nucléaires et la commission chargée de la sécurité des sites d'expérimentation nucléaire. La sûreté est pour lui une affaire de la plus haute importance au sujet de laquelle il “appelle à une vigilance sans relâche et sans relâchement”.

Jean Teillac est aussi membre du Conseil économique et social : choisi comme rapporteur pour l'avis du Conseil donné sur le projet de loi relatif à la recherche et au développement économique (1985),[...]

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Écrit par

  • : conseiller scientifique au Commissariat à l'énergie atomique, Fontenay-aux-Roses

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Pour citer cet article

Jean BUSSAC. TEILLAC JEAN (1920-1994) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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