Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

WARREN J. ROBIN (1937- )

Le prix Nobel de physiologie ou médecine 2005 a récompensé deux chercheurs australiens, Barry J. Marshall (né le 30 septembre 1951 à Kalgoorlie) et J. Robin Warren (né le 11 juin 1937 à Adélaïde), pour avoir découvert que la bactérie Helicobacter pylori (Hp) était un facteur d'ulcération gastro-duodénale.

En 1980, J. R. Warren, anatomo-pathologiste au Royal Perth Hospital, a découvert le premier, en examinant des biopsies gastriques, qu'une bactérie spiralée colonisait fréquemment la partie distale des estomacs atteints d'ulcères et était associée à une inflammation de la muqueuse gastrique. B. J. Marshall, jeune gastro-entérologue venu en stage chez Warren, s'est intéressé aux travaux de son chef de service, et les deux hommes ont poursuivi ensemble leurs recherches. Ils ont cultivé la bactérie à partir de biopsies gastriques, l'ont initialement dénommée Campylobacter pylori, et ont établi qu'elle était presque toujours présente chez les patients présentant une inflammation gastrique ou un ulcère gastrique ou duodénal.

L'ulcère gastrique était alors considéré comme lié au mode de vie, à la consommation d'alcool ou de tabac, aux habitudes alimentaires et au stress, et le message des chercheurs australiens était difficile à faire accepter, la communauté médicale étant très sceptique sur l'origine infectieuse de cette pathologie. En 1984, pour prouver leur hypothèse, et faire connaître cette conception révolutionnaire, Marshall est allé jusqu'à ingérer lui-même des cultures d'Helicobacter pour déclencher des troubles qu'il soigna ensuite par des antibiotiques. En France, c'est seulement en 1995 qu'une Conférence de consensus sur « maladie ulcéreuse et gastrite à l'heure d'Helicobacter pylori » a pu enfin proposer une conduite thérapeutique consensuelle.

Helicobacter pylori est une bactérie humaine transmise aux enfants dès leur plus jeune âge. Elle est mondialement répandue et touche de 20 à 90 p. 100 de la population selon les pays. L'infection par Hp est le plus souvent asymptomatique, mais pour 10 à 15 p. 100 des porteurs, elle entraîne une gastrite, qui peut évoluer vers un ulcère du duodénum ou de l'estomac (et même, pour 1 p. 100, un cancer de l'estomac). Sa présence est facilement décelée par l'étude anatomo-pathologique de biopsies pratiquées sur la muqueuse gastrique.

Ainsi, éradiquer Hp permet de guérir ou prévenir l'apparition de l'ulcère gastrique ou duodénal et de ses complications, perforation ou sténose. Cela permet aussi la prévention d'autres pathologies comme certains cancers de l'estomac, adénocarcinome ou lymphome, où le rôle d'Hp a été clairement mis en évidence.

— Anne LAVERGNE-SLOVE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Anne LAVERGNE-SLOVE. WARREN J. ROBIN (1937- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MICROBIOTE DE LA BOUCHE

    • Écrit par Sylvie BABAJKO, David OJCIUS, Ihsène TAÏHI-NASSIF
    • 5 235 mots
    • 4 médias
    ...Helicobacter pylori, impliquée dans le cancer gastrique. Les travaux portant sur celle-ci, conduits par les chercheurs australiens Barry J. Marshall et J. Robin Warren, ont valu à ces derniers le prix Nobel de physiologie et de médecine en 2005. Depuis, le lien entre bactérie et cancer est très sérieusement...

Voir aussi