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MORVAN HERVÉ (1917-1980)

Originaire de Plougastel-Daoulas dans le Finistère, où il naquit le 18 mars 1917, c'est à Paris, où son père avait trouvé un emploi de terrassier, qu'Hervé Morvan grandit à partir de 1920. Sur les conseils de son instituteur qui remarque très vite ses dons en dessin, il entre à l'école des Arts appliqués, rue Dupetit-Thouars en 1931. Promu décorateur en 1934, il réalise alors des « façades de cinéma », ces toiles peintes, accrochées au fronton des salles, représentant acteurs et scènes de films en grand format. Il y apprend ce qu'il nomme « l'optique de la rue », une excellente école pour le futur affichiste. Démobilisé pour raisons de santé en octobre 1940, il dessine alors des affiches de cinéma. Parmi les premières, en 1942, un portrait de Viviane Romance dans Feu sacré (film de Maurice Cloche) le lance, puis les commandes se succèdent : Le Comte de Monte-Cristo, Casablanca, Fantomas, Le Voleur de bicyclette, Les Parents terribles... En 1946, il participe à l'exposition de l'affiche du cinéma à la Cinémathèque française, où il présente deux maquettes : l'une pour La Grande Illusion (film de Jean Renoir) et l'autre pour Les Enfants du paradis (film de Marcel Carné). Parallèlement, il décore des bars, des restaurants, des dancings, des pochettes de disques.

À partir de 1947, Morvan contribue régulièrement à donner des affiches pour le Parti communiste français et la C.G.T. Mais, grâce à la publicité commerciale vers laquelle il se tourne dès 1948, il s'éloigne du style réaliste qu'il adoptait pour les affiches de cinéma et donne libre cours à sa fantaisie, à son humour (l'homme-sandwich de la gaine Scandale, 1948 ; l'enfant aux doigts de chocolat de Kwatta, 1950). Engagé par l'éditeur-imprimeur publicitaire Guy de La Vasselais, Morvan se fait remarquer avec une campagne de quatre affiches pour Perrier (1950). Fondée sur la permutation des éléments, chacune d'elles en exploite successivement, à la manière des jeux d'enfants, les assemblages incongrus. L'humour plein de bonne humeur et bon enfant de Morvan s'inscrit alors dans la veine du gag graphique où il côtoie Savignac, son contemporain. La médaille Martini 1961 obtenue pour son affiche Gitanes (1960) consacre une création originale d'une grande puissance esthétique : un danseur de flamenco porte une chemise resplendissante de la blancheur des cigarettes qui la dessinent. En 1962, Morvan reçoit le grand prix de la publicité ; Il renoue avec l'affiche de cinéma dans les années 1970 (Le Grand Blond avec une chaussure noire, La 7e Compagnie au clair de lune, Drôles de zèbres). Une exposition, Bouquet d'affiches, lui est consacrée par la Bibliothèque nationale en 1978, peu avant qu'une crise cardiaque ne le terrasse, le 1er avril 1980. Plus de vingt ans après, la bibliothèque Forney a considérablement amélioré la connaissance de l'affichiste grâce à une rétrospective de grande ampleur (27 mai-26 juillet 1997). Le catalogue réalisé à cette occasion reproduit un ensemble pratiquement exhaustif de créations, empreintes du charme primesautier qui caractérise leur auteur.

— Nelly FEUERHAHN

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Nelly FEUERHAHN. MORVAN HERVÉ (1917-1980) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )