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HARPAGE (mort apr. 545 av. J.-C.)

Seigneur qui appartient à la famille d'Astyage, roi des Mèdes. Selon la tradition recueillie et transmise par Hérodote, Harpage aurait reçu l'ordre de mettre à mort le petit-fils du roi, Cyrus. Astyage a eu, en effet, deux rêves prémonitoires. Par le premier, il est avisé de ne pas donner sa fille Mandane en mariage à un prince mède dont l'énergie risque de se révéler dangereuse pour la dynastie. Il lui fait donc épouser un Perse de sang royal, mais qu'il considère comme très inférieur à un Mède, du nom de Cambyse. Un second rêve vient révéler à Astyage que de sa fille sortira une vigne dont les ceps recouvriront toute la surface de l'Asie ; il discerne dans ce second songe le même avertissement que dans le premier. Il fait accoucher Mandane dans son palais, et remet le nouveau-né à Harpage avec l'ordre de le tuer. Harpage, qui redoute le ressentiment de Mandane lorsqu'elle aura succédé à son père, préfère, après bien des hésitations, le confier au berger Mithridate qui l'exposera dans les montagnes. Cyrus est allaité par une chienne, animal sacré chez les Iraniens, ou, selon une version rationaliste, par la femme du berger Mithridate, nommée Spako (« chienne »). Celle-ci vient en effet d'accoucher d'un enfant mort-né auquel elle substitue Cyrus, tandis que le petit cadavre est présenté à Astyage. Cyrus grandit, est reconnu pour le fils de Mandane et Astyage paraît heureux de le retrouver vivant. Cette satisfaction n'empêche pas le roi de tirer une vengeance horrible d'Harpage, coupable d'avoir désobéi à ses ordres. Astyage fait tuer le propre fils d'Harpage. La chair de l'enfant est servie à son père au cours d'un banquet, cependant que les extrémités de la victime et sa tête lui sont présentées dans une corbeille. Harpage cache longtemps sa douleur et sa volonté de vengeance, mais lorsque Cyrus est devenu un homme, il l'incite à se révolter contre Astyage. Cyrus décide son père Cambyse à prendre les armes contre Astyage. Vaincu dans une première bataille où son père trouve la mort, Cyrus remporte une victoire décisive à Pasagardes. Les troupes d'Astyage se mutinent contre celui-ci et le livrent à son vainqueur. Le rôle d'Harpage semble avoir été déterminant dans ce succès. Dès avant les hostilités, il a fait des efforts pour gagner des partisans à Cyrus chez les Mèdes eux-mêmes. En outre, Astyage a commis l'inexplicable imprudence de confier à Harpage la répression de la révolte du roi d'Anshán. Le général mède ne fait que travailler à sa réussite. Dès lors, Harpage apparaît comme l'un des principaux lieutenants de Cyrus, l'un de ses meilleurs officiers, qui contribue, pour une grande part, à la soumission de l'Asie Mineure. Les cités grecques de l'Ionie, qui ont refusé l'alliance de Cyrus et n'ont pas voulu prêter main-forte à Crésus, espèrent vainement le secours de Sparte. Harpage assiège Phocée dont la population s'enfuit mais revient inopinément et égorge la garnison qu'Harpage y a installée, puis enfin abandonne définitivement la ville. Les habitants de Téos font de même. Les autres cités grecques, à l'exception de Milet qui a prêté serment de fidélité à Cyrus et est laissée en paix, tentent de résister par les armes mais doivent s'incliner. La soumission de l'Ionie est suivie par celle des Cariens, des Cauniens, des Lyciens, des Cnidiens, des Pédasiens. Sauf en ce qui concerne les Pédasiens et les Lyciens, Harpage n'éprouve pas de difficulté à mener à bien ses campagnes. Dans les troupes qui subjuguent la Carie, servent des contingents ioniens et éoliens. Après ces conquêtes, il n'est plus question d'Harpage dans l'histoire des Perses.

— Valentin NIKIPROWETZKY

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Pour citer cet article

Valentin NIKIPROWETZKY. HARPAGE (mort apr. 545 av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MÈDES

    • Écrit par Roman GHIRSHMAN
    • 4 006 mots
    • 1 média
    Quelques gestes maladroits du roi créèrent une hostilité entre le prince et cette élite mède, à la tête de laquelle se trouvait Harpagus. La tension intérieure dans le royaume mède fut adroitement exploitée par Cyrus II, fils de Cambyse, roi des Perses, et de Mandane, fille d'Astyage, donc petit-fils...

Voir aussi