MOORE GORDON EARLE (1929-2023)

Cofondateur et premier dirigeant du groupe Intel, première compagnie mondiale de fabrication de microprocesseurs, Gordon Earle Moore est connu pour avoir prédit en 1965 que le nombre de transistors intégrés sur une même pastille de silicium doublerait environ tous les deux ans, attachant ainsi son nom à une « loi » qui s'est depuis vérifiée avec une remarquable constance.

Né le 3 janvier 1929 à San Francisco (Californie), Gordon E. Moore a fait des études de chimie à l'université de Californie à Berkeley. En 1954, il obtient un doctorat en physique et en chimie au California Institute of Technology (Caltech) à Pasadena. En 1956, il rejoint le laboratoire de semiconducteurs dirigé alors par William Shockley, co-inventeur du transistor avec John Bardeen et Walter Brattain (invention pour laquelle ces trois chercheurs reçurent le prix Nobel de physique en 1956). L'année suivante, Moore rejoint avec huit de ses collègues la compagnie Fairchild Semiconductors Corporation, filiale spécialement créée pour cette équipe dissidente par la Fairchild Camera and Instruments, qui essayait alors d'entrer sur le marché des semiconducteurs. En 1968, Moore quitte Fairchild pour fonder, avec son collègue Robert Noyce, la compagnie Intel qui deviendra, en une vingtaine d'années, un leader mondial dans le domaine des circuits intégrés et des microprocesseurs.

Chimiste et physicien de formation, Moore a eu une brillante carrière d'ingénieur et d'industriel. Faisant partie de l'équipe dirigeante d'Intel jusqu'en 1997, il a joué un rôle important dans le développement des circuits intégrés et de la micro-informatique.

Mais Moore est aujourd'hui plus connu pour ce que l'on appelle la loi de Moore. En 1965, pour une édition spéciale de la revue Electronics consacrée à l'évolution probable des circuits intégrés, il extrapola les données disponibles pour les circuits arrivés sur le marché les années précédentes, ce qui l'amena à prédire, pour la décennie suivante, que le nombre de transistors par pastille de silicium doublerait tous les deux ans environ.

Ce rythme soutenu d'évolution des circuits intégrés (qui sont aujourd'hui à la base de toute l'électronique) a eu des conséquences techniques et économiques très importantes. On peut mesurer le chemin parcouru en comparant les caractéristiques de quelques composants produits depuis 1971. Le premier microprocesseur de l'histoire, qui fut conçu par Intel en 1971 (dénommé Intel 4004), comportait quelque 2 300 transistors, avait une horloge à environ 1 MHz (un million de cycles par seconde) et une finesse de gravure (taille des transistors et des interconnexions) de 10 micromètres (un micromètre = 1/1 000 de millimètre). Le processeur le plus performant mis sur le marché par Intel en 2007 (le Penryn Quad-core) intégrait sur la même puce 820 millions de transistors, avait une horloge à quelque 2 000 MHz et une finesse de gravure de 45 nanomètres (un nanomètre = 1/1 000 de micromètre). Dix ans plus tard, la technologie la plus avancée d‘Intel est passée à quelque 1,5 milliard de transistors sur une même puce, avec une horloge à quelque 4 000 MHz et une finesse de gravure de 14 nanomètres.

La loi de Moore permet de comprendre pourquoi, dans le domaine de l’électronique (c’est vrai pour les micro-ordinateurs, mais aussi pour les téléphones portables, les tablettes graphiques, les systèmes de commande, les robots et autres objets connectés), une génération de matériels chasse l'autre tous les deux ans, et que, à chaque génération, les performances doublent pour sensiblement le même prix de vente, ou encore que, à performances identiques, le prix de vente est pratiquement divisé par deux.

Y a-t-il une limite à la loi de Moore ? D'une génération à la suivante, la taille des transistors[...]

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    René WALLSTEIN, « MOORE GORDON EARLE (1929-2023) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

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