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DEVOTO GIACOMO (1897-1974)

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Né à Gênes le 19 juillet 1897, mort à Florence le 25 décembre 1974, Giacomo Devoto était fils d'un professeur de médecine qui avait fondé à Milan la première clinique italienne de médecine du travail. Il s'oriente vers la linguistique et, après un doctorat à Pavie en 1920, poursuit sa formation à Berlin, à Bâle, à Paris (où il fut, en 1923 et en 1924, l'élève d'Antoine Meillet). De 1924 à 1935, il enseigne la grammaire comparée dans diverses universités italiennes ; à partir de 1935 et jusqu'à son éméritat, il est professeur de linguistique générale à Florence.

Influencé par la philosophie de Benedetto Croce et par les doctrines structuralistes, mais dominant cet apport, il a su se constituer une ligne de pensée originale. Dans le domaine de la linguistique générale, ce qui 1'a surtout retenu, c'est le jeu de la langue et de la parole, au sens saussurien de ces termes, c'est-à-dire les possibilités de choix laissées ouvertes à l'individu par l'instrument collectif de communication dont il use. C'est là l'inspiration de ses Studi di stilistica (1951) et Nuovi Studi di stilistica (1962), recueils de fines analyses consacrées à une série d'écrivains italiens ainsi qu'à Marcel Proust.

Mais Giacomo Devoto a surtout été un historien. Au sens le plus étendu du terme, puisqu'il faut y inclure la protohistoire, dont il tente des reconstructions en combinant données linguistiques et données archéologiques : à l'échelle d'un continent, avec ses Origini indeuropee (1962) ; à l'échelle de la péninsule italienne, avec ses Antichi italici (3e éd., 1967).

C'est principalement vers l'Italie que sa curiosité et son activité se sont orientées, depuis les plus lointaines origines de la formation de son peuple jusqu'à nos jours. À l'antique dialecte ombrien, il a consacré sa magistrale édition commentée des Tabulae Iguvinae (3e éd., 1967) ; au développement du latin, sa Storia della lingua di Roma (2e éd., 1944). Mais il n'abandonne pas le développement linguistique à la fin de l'Antiquité : il a été aussi un grand italianisant avec son Profilo di storia linguistica italiana (4e éd., 1964), son Avviamento alla etimologia italiana (1966), sa Lingua italiana (1968), son grand Dizionario italiano (1971), ses Dialetti delle regioni d'Italia (1972). Le dernier livre qu'il ait écrit, Il Linguaggio d'Italia (1974), est son testament scientifique, embrassant les trois millénaires d'histoire linguistique qui vont des origines de Rome à l'italien d'aujourd'hui. Œuvre scientifique considérable, si l'on y ajoute encore des centaines d'articles, dont les principaux ont été recueillis dans trois volumes de Scritti minori (I, 1958 ; II, 1967 ; III, 1972).

Professeur prestigieux, Giacomo Devoto a assuré sa relève en peuplant de ses élèves nombre d'universités italiennes. Il a créé des revues (Studi etruschi, Studi baltici, Lingua nostra), créé, dirigé et animé l'Istituto di studi etruschi ed italici. Il a animé et présidé l'Accademia della Crusca. Il a été aussi journaliste, publiant des chroniques dans La Nazione. Par bien des côtés de sa personnalité, il évoque les grands hommes de la Renaissance. Comme eux, d'ailleurs, il a fait œuvre d'humaniste, dans des ouvrages comme Civiltà di parole (I, 1965 ; II, 1969), Gioco di forze (1972), Il Mio Compito (1972).

— Michel LEJEUNE

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, directeur de recherche au C.N.R.S.

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Pour citer cet article

Michel LEJEUNE. DEVOTO GIACOMO (1897-1974) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 25/03/2009