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GEORGES DE LA TOUR (exposition)

En 1972, une mémorable exposition tenue à l'Orangerie des Tuileries a fait connaître à un large public l'envergure de Georges de La Tour (1593-1652), redécouvert depuis à peine une soixantaine d'années. Les relations du peintre avec le milieu artistique lorrain, si actif à son époque, ont été abordées en 1992, lors des manifestations célébrant le quatre centième anniversaire de son contemporain et « pays » Jacques Callot. Son rapport à l'art européen de son temps, et tout particulièrement au caravagisme, ont fait l'objet, en 1996-1997, d'une importante exposition aux États-Unis : Georges de La Tour and his World. La Tour est indiscutablement devenu l'un des deux ou trois grands noms de la peinture française du xviie siècle. Le directeur du Louvre, Pierre Rosenberg, le conservateur en chef du département des peintures, Jean-Pierre Cuzin, spécialistes de cette époque et Jacques Thuillier, professeur au Collège de France, lui-même éminent connaisseur du peintre (avec Pierre Rosenberg, il avait été le commissaire de l'exposition de 1972) ont pu avec cette exposition organisée au Grand Palais, à Paris, du 3 octobre 1997 au 26 juin 1998, présenter un état des recherches consacrées à ce peintre.

C'est en effet tout l'œuvre peint connu et jugé autographe de La Tour qui était exposé, à l'exception d'un seul tableau, d'ailleurs mineur, un Saint Jérôme lisant, conservé à Hampton Court. Les peintures les plus populaires – La Diseuse de bonne aventure, les deux versions du Tricheur ou de Saint Sébastien soigné par Irène, les différents Vielleurs, Le Nouveau-Né du musée des Beaux-Arts de Rennes ou L'Adoration des bergers du Louvre, La Femme à la puce, le Saint Thomas à la pique rendu célèbre par son acquisition en 1988 par une souscription nationale – côtoyaient des peintures moins connues peut-être, au moins de la majeure partie des visiteurs : la série des Apôtres du musée Toulouse-Lautrec d'Albi, Les Mangeurs de pois, L'Argent versé... Chaque visiteur pouvait donc retrouver « ses » La Tour, et découvrir également des toiles qui lui étaient moins familières. Là n'était pas toutefois le principal intérêt de la visite. Il s'agissait avant tout d'une exposition d'historiens d'art sur un peintre qui est sans doute l'un de ceux pour lesquels ils ont joué un rôle capital en le ressuscitant à partir des documents d'archives, puis en lui restituant petit à petit son œuvre, tableau après tableau, depuis les premières propositions d'Hermann Voss, en 1915, jusqu'à la récente redécouverte du Saint Jean-Baptiste dans le désert, acquis en 1994 en vente publique pour le musée de la ville natale de l'artiste, Vic-sur-Seille. Les problèmes d'attribution, l'existence assurée d'originaux disparus connus par une ou plusieurs copies, voire quelques très rares estampes, et jusqu'à la question de La Tour dessinateur (aucune feuille ne lui est attribuée avec certitude) étaient ainsi mis en valeur dans l'exposition elle-même. On l'avait partagée en trois sections : la première présentait essentiellement les tableaux « diurnes », qu'on s'accorde à considérer comme ceux de la première partie de la carrière du peintre (dont la chronologie est particulièrement incertaine) ; dans la deuxième étaient rassemblées les copies d'après des originaux importants disparus en tout ou partie (le Saint Sébastien peint pour Louis XIII et les Apôtres de la cathédrale d'Albi) ; enfin, dans la dernière, plus spécifiquement consacrée aux « nuits » – un genre vers lequel La Tour semble s'être progressivement tourné –, figuraient originaux, copies et répliques plus ou moins autographes. Un des objectifs de l'exposition consistait à faire partager au visiteur, autrement que par le seul biais[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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Barthélémy JOBERT. GEORGES DE LA TOUR (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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