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RAMANANTSOA GABRIEL (1906-1979)

Né à Tananarive dans une famille de la haute bourgeoisie merina, Gabriel Ramanantsoa s'oriente vers la carrière des armes à l'issue de ses études secondaires. Sorti de Saint-Cyr en 1931 (promotion Mangin), il terminera son service dans l'armée française avec le grade de colonel (1958) pour se mettre ensuite, naturellement, au service de l'État malgache. Au cours de près de trente années de carrière militaire française, Gabriel Ramanantsoa assume des responsabilités variées tant sur le terrain que dans l'Administration. Affecté dans l'infanterie coloniale, il est nommé en 1932 adjoint au commandant de l'école des enfants de troupe de Tananarive. En 1940, il participe à la campagne de France et obtient une citation, puis, de 1943 à 1946, il commande une compagnie à Madagascar. Il est en métropole, en poste au ministère de la Défense, lorsque la « rébellion » malgache éclate, en mars 1947. Revenu à Tananarive en 1948 comme attaché au haut-commissariat et chargé des anciens combattants, il fait ensuite la campagne d'Indochine où il obtient encore une citation. À son retour en 1954, il est à nouveau affecté au ministère de la Défense et reste à ce poste jusqu'à son passage, en 1960, au service de la République malgache.

Conseiller militaire du gouvernement malgache lors de la négociation des accords d'indépendance et de coopération d'avril-juin 1960, il est nommé, dès la proclamation de l'indépendance, chef d'état-major général des forces armées malgaches. Promu général de brigade en 1961, puis général de division en 1967, Gabriel Ramanantsoa sera le « patron » de l'armée sans discontinuité pendant douze ans, servant fidèlement – en soldat légaliste et respectueux du principe démocratique de la subordination du pouvoir militaire au pouvoir civil – le gouvernement du président Tsiranana auquel il est d'ailleurs très lié sur le plan personnel.

C'est à l'âge de soixante-six ans que les événements le font entrer brutalement en politique. Le 18 mai 1972, le président Tsiranana, débordé par la contestation violente qui agite Tananarive depuis plusieurs jours, lui donne les pleins pouvoirs en le chargeant de résoudre une crise qui, par l'enchaînement des situations, se mue rapidement en révolution pour un changement de régime.

Ramanantsoa, qui n'est pas un putschiste et moins encore un usurpateur, accepte à son corps défendant cette responsabilité inattendue. En tant que chef militaire suprême qui s'est toujours tenu à l'écart de la politique et qui a toujours veillé soigneusement à ce que l'armée malgache n'intervienne pas dans le système, il apparaît, en effet, dans les circonstances graves du moment, comme « destiné » à assumer la transition.

Devenu officiellement chef du gouvernement provisoire par le référendum d'octobre 1972 et la loi constitutionnelle du 7 novembre 1972, il refusera toujours le titre de chef d'État bien qu'il en exerçât, par la force des choses, les fonctions. Avec une équipe gouvernementale réduite et sociologiquement équilibrée qui restera pratiquement inchangée – dans laquelle figurent deux ministres particulièrement actifs, le colonel Richard Ratsimandrava et le capitaine de frégate Didier Ratsiraka –, il entend exécuter scrupuleusement le mandat que le peuple lui a confié : réaliser en cinq ans au maximum la rénovation des structures politiques et de la société malgache. Unité nationale, apolitisme et rénovation sont les maîtres mots de ses discours-programmes.

La conclusion (difficile) de nouveaux accords de coopération avec la France en juin 1973 et la sortie de Madagascar de la zone franc, le démarrage d'une économie socialiste appuyée par une politique étrangère très active, la relance révolutionnaire du fokonolona en tant que cellule socio-politique de[...]

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Écrit par

  • : professeur agrégé à l'université d'Aix-Marseille-III, ancien doyen de la faculté de droit et des sciences économiques de l'université de Madagascar

Classification

Pour citer cet article

Charles CADOUX. RAMANANTSOA GABRIEL (1906-1979) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MADAGASCAR

    • Écrit par Marie Pierre BALLARIN, Chantal BLANC-PAMARD, Hubert DESCHAMPS, Bakoly DOMENICHINI-RAMIARAMANANA, Universalis, Paul LE BOURDIEC, David RASAMUEL
    • 35 132 mots
    • 11 médias
    ...garde présidentielle et les forces républicaines de sécurité. Les forces armées refusent d'intervenir au nom du président et le contraignent à solliciter Gabriel Ramanantsoa, le chef d'état-major, qui constitue un gouvernement d'union nationale, composé de militaires et de techniciens. Le 11 octobre 1972,...