Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MARTÍNEZ DE LA ROSA FRANCISCO (1787-1862)

S'il joua, dans l'Espagne de son temps, un rôle prépondérant en littérature et en politique, sa fidélité obstinée à la norme du juste milieu empêcha Martínez de La Rosa d'affirmer profondément, dans l'un ou l'autre domaine, sa personnalité.

Martínez de La Rosa eut une existence mouvementée. Très jeune il enseigne la philosophie à l'université. Lors de la guerre de l'Indépendance, il se rend en Angleterre et y obtient un important secours militaire pour la Junte dans la lutte contre Napoléon. Exilé après le retour de Ferdinand VII, il est élu député après le soulèvement de Riego. Le rétablissement de la monarchie absolue l'oblige à s'exiler en France (1823-1831). Revenu en Espagne, il sera ambassadeur, ministre, président du Conseil d'État, directeur de l'Académie.

Dans ses Poesías (1833), il révèle d'abord, dans des compositions anacréontiques de forme très soignée, l'influence de Meléndez Valdés (Los Juegos del amor). Son poème Zaragoza (1811), ses épîtres morales sont conformes aux canons classiques. El Cementerio de Momo est un recueil d'épigrammes politiques. Ses plus beaux vers ont déjà des accents romantiques (La Soledad, La Muerte, El Huérfano, Elegía a la muerte de la duquesa de Frías). Sa Poétique (1827), inspirée de Boileau, expose des idées esthétiques conformes au néo-classicisme et témoigne aussi par endroits d'une grande perspicacité critique.

Son œuvre dramatique est d'abord néo-classique ; deux tragédies à la manière d'Alfieri : La Viuda de Padila (1814, La Veuve de Padila), Morayma (1818) ; des comédies bourgeoises à la façon de Moratín : La Niña en casa y la madre en la máscara (1821, La Fille à la maison et la mère au bal masqué), Los Celos infundados (La Jalousie non fondée), La Boda y el duelo (La Noce et le deuil). Dans le sillage de Sophocle, il écrivit un Edipo (1829) non dépourvu de valeur.

Mais, surtout, Martínez de La Rosa peut être considéré comme l'initiateur du théâtre romantique en Espagne avec ses deux drames : Aben Humeya et La Conjuración de Venecia.

Aben Humeya, écrit d'abord en français, fut représenté à Paris en 1830, puis traduit en espagnol par l'auteur en 1836. Le sujet, inspiré par les récits de Hurtado de Mendoza, en est la révolte des Morisques des Alpujarras, sous Philippe II.

La Conjuración de Venecia fut représentée en 1834. Ce drame — en prose comme le précédent — évoque des amours tragiques et les rivalités politiques dans la Venise du xive siècle. La mise en scène haute en couleur mêle le tragique au comique avec des tonalités macabres. C'est son œuvre la plus inspirée.

Il écrivit aussi un roman historique assez médiocre, Doña Isabel de Solís, reina de Granada (1837), une biographie de Hernando del Pulgar (1834) et des ouvrages de politique : El Espíritu del siglo (1835, L'Esprit du siècle) ; Bosquejo de la política de España (1835, Esquisse de la politique d'Espagne).

— Bernard SESÉ

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

Classification

Pour citer cet article

Bernard SESÉ. MARTÍNEZ DE LA ROSA FRANCISCO (1787-1862) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi