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PHILIPPE ÉVANGILE DE

Dans la nomenclature des évangiles apocryphes d'origine gnostique figurait l'Évangile de Philippe, connu par la Pistis Sophia et par Épiphane (Panarion, XXVI, xiii), qui en donne une citation. Mais on ignorait tout de ce texte jusqu'aux découvertes de Nag Hammadi, en 1945. Dans le Codex II de cette bibliothèque, on trouve, sous le numéro 38, un ouvrage portant ce titre. Il se présente, non comme un évangile, mais comme une sorte de traité, qui polémique avec des adversaires qui ne sont pas nommés ; le seul personnage désigné est Philippe, mais incidemment, au cours d'une citation. Il semble s'agir d'un ouvrage collectif, rédigé par les « apôtres hébreux ». Le thème général, qui est celui de la croissance de la race des Parfaits, se développe en une série de paraboles : Dieu est un bon teinturier ; l'Esprit, c'est le souffle du verrier ; l'âme séparée de l'Esprit, c'est la femme livrée aux entreprises des fous impudiques ; le progrès de l'âme, c'est la montée du grand prêtre vers le Saint des saints. Mais beaucoup de formules sont typiquement chrétiennes et donnent à l'ouvrage son allure d'évangile : tels les développements sur les sacrements (spécialement le baptême et l'eucharistie), sur l'Esprit-Saint (qui donne le baptême du feu), sur la résurrection de la chair. Mais on y trouve aussi beaucoup d'idées qui paraissent gnostiques : la gnose, les archontes, les deux sagesses, Ekhamoth et Ekhmoth. On peut alléguer que ces idées ne sont pas « gnostiques », mais judéo-chrétiennes et qu'elles ont seulement préparé le gnosticisme. L'édition française de J. E. Ménard, L'Évangile selon Philippe (Paris, 1967), reste fidèle à la thèse gnostique, il est néanmoins préférable de considérer l'ouvrage comme étant judéo-chrétien.

Peut-on dans ce cas admettre que le livre de Nag Hammadi soit celui dont parlent la Pistis Sophia et Épiphane ? Il est étrange que le passage cité par Épiphane ne se trouve pas dans ce texte, mais dans le Livre du grand Esprit invisible ou Évangile des Égyptiens, ouvrage profondément gnostique. Il convient plutôt de dissocier le livre trouvé à Nag Hammadi de celui que cite Épiphane, à moins d'admettre que ce dernier en ait connu une forme beaucoup plus « gnostique » que celle que l'on possède.

— Jean HADOT

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Écrit par

  • : professeur à l'Université libre de Bruxelles

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Jean HADOT. PHILIPPE ÉVANGILE DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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