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LEROY EUGÈNE (1910-2000)

Le peintre Eugène Leroy est né à Tourcoing en 1910. Après de courtes études à l'école des Beaux-Arts de Lille, il suit à Paris des cours de dessin à la Grande Chaumière. De retour dans le Nord en 1932, il mène de front son activité de peintre et une carrière d'enseignant de latin et de grec au collège Notre-Dame-des-Victoires de Roubaix. Sa première exposition personnelle a lieu à Lille en 1937. Sa peinture, délibérément figurative, est perçue par la critique comme « rude et agressive », « sincère et colorée ». Un voyage aux Pays-Bas, à bicyclette, lui fait découvrir Rembrandt qui restera toute sa vie une référence. Leroy expose pour la première fois à Paris en 1943, à la galerie Else Clausen. Dans les années 1950, il participe à plusieurs reprises au salon de Mai et côtoie Manessier. En 1958, Eugène Leroy s'installe à Wasquehal, près de Lille, dans une maison-atelier qu'il conservera toute sa vie. La galerie parisienne Claude Bernard organise deux expositions des peintures d'Eugène Leroy. C'est à l'occasion de la première, en 1961, que le peintre allemand Georg Baselitz et Michael Werner (qui, vingt ans plus tard, allait devenir son marchand) découvrent sa peinture. « Je trouvais là des images brunes, écrit Baselitz, comme champs, comme pierre, comme bois, comme mousse, comme senteur. Une simple composition hollandaise avec une accumulation inouïe de couleur. Un amas de tôles provenant du pigeonnier qui éclairait ma tête. Comme si tous les pantalons du peintre étaient suspendus à un crochet et racontaient l'histoire d'un chef-d'œuvre inconnu. » Pendant près de dix ans, Leroy traverse une époque de grande solitude, confronté à la bataille qu'il livre avec sa peinture. Il reprend avec acharnement ses toiles pour leur faire perdre le côté anecdotique dans lequel il craint de les voir sombrer.

Durant les années 1970, Eugène Leroy voyage, aux États-Unis (où il rencontre Jan Hoet), en Russie, où il est frappé par une petite icône de la galerie Trétiakov dans laquelle il voit l'expression incarnée du mouvement qu'il tente de mettre en œuvre dans sa propre peinture et qu'il formulera plus tard : « Lumière devant, lumière derrière. » En 1978, il expose dans la galerie que son fils Géno vient d'ouvrir à Paris, rue Quincampoix. Un an plus tard, ce dernier organise une exposition personnelle de son père à la F.I.A.C. À cette occasion, il fait paraître aux éditions Lebeer-Hossmann de Bruxelles un livre, Eugène Leroy, peinture, lentille du monde, qui comporte un texte de Jean Clair et un entretien du peintre avec Irmeline Lebeer qui font référence.

Jan Hoet organise en 1982 une exposition de Leroy au Museum van Hedendaagse Kunst de Gand. À la suite de cette manifestation, Michael Werner, qui possède une importante galerie à Cologne, décide d'entreprendre une collaboration avec le peintre. Désormais, la peinture d'Eugène Leroy connaît une notoriété internationale.

En 1988, Rudi Fuchs et Suzanne Pagé organisent une rétrospective de l'artiste au Stedelijk van Abbemuseum de Eindhoven et au musée d'Art moderne de la Ville de Paris. Sa participation en 1992 à la Documenta IX de Kassel, aux côtés de Gerhard Richter, Joseph Beuys et Bruce Nauman, consacre de fait son importance sur la scène artistique de son temps.

La contribution de l'œuvre d'Eugène Leroy à l'art du xxe siècle est décisive, parce qu'elle porte témoignage d'un combat sans cesse réitéré de la peinture et de l'image. Parce qu'elle se situe résolument du côté de l'apparence tout en luttant aussi contre les apparences, parce que, au-delà de son épaisseur – mais aussi avec elle –, affleure la simplicité d'une présence sensuelle aux choses et au monde, cette peinture contraste pudiquement, mais non sans quelque robustesse, avec l'emphase picturale contemporaine. « Il n'y[...]

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Écrit par

  • : critique d'art, professeur d'esthétique à l'École nationale d'arts de Cergy-Pontoise

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Pour citer cet article

Bernard MARCADÉ. LEROY EUGÈNE (1910-2000) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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