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VANDERVELDE ÉMILE (1866-1938)

Fils d'un juge de paix du canton d'Ixelles, faubourg de Bruxelles, élevé dans un milieu bourgeois, Émile Vandervelde est attiré, dès sa jeunesse, par la pensée des socialistes français (Proudhon, Benoît Malon, Fourier) qui répond à son profond sentiment de révolte devant l'iniquité sociale qu'entraîne l'industrialisation capitaliste de la fin du xixe siècle.

Il est docteur en droit et docteur en sciences sociales. Jeune avocat, il étudie la physiologie, l'embryologie et la psychiatrie. En 1894, il est chargé du cours de sociologie économique à l'Institut des hautes études de l'Université nouvelle. Sa production scientifique vise à établir un lien organique entre la biologie et la sociologie. En collaboration avec un botaniste renommé, il publie une étude intitulée Parasitisme organique et parasitisme social (1893), puis un livre consacré à L'Évolution régressive en biologie et en sociologie (1897). En 1918, il occupera la chaire d'histoire des doctrines sociales à l'université libre de Bruxelles.

Mais l'exigence morale d'une application concrète et immédiate des idées socialistes l'incline vers l'engagement politique. Au moment de la fondation du Parti ouvrier belge (P.O.B.) en 1885, il est, à dix-neuf ans, membre de la Ligue ouvrière d'Ixelles. Dès avant la fin du siècle et jusqu'au début des années trente, il en deviendra le plus prestigieux et le plus incontesté des dirigeants.

L'élaboration du premier programme du P.O.B. date du congrès tenu à Quaregnon en 1893. La déclaration de principes qui le précède, et dont il est l'auteur, constitue la synthèse de sa pensée. Ce document restera un des piliers de la conception du socialisme tel qu'il est perçu en Belgique. Ainsi, lorsqu'en 1945 le Parti socialiste belge (P.S.B.) renaît des cendres de l'ancien P.O.B., il reprend comme base doctrinale l'intégralité d'un texte vieux d'un demi-siècle et dont l'auteur est décédé depuis sept ans. Si cette charte de Quaregnon s'inspire largement de Marx et d'Engels, l'influence des socialistes français et de théoriciens belges, comme Colins et César de Paepe, n'en est cependant pas absente. Quatre éléments essentiels constituent les constantes de sa pensée doctrinale : la transformation du capitalisme pour aboutir à une société sans classes exige l'organisation et l'action de la classe opprimée ; le capitalisme privé sera remplacé, non pas par l'étatisme, mais par un système collectiviste dont les diverses formes d'organisation socialiste constituent des ébauches concrètes : cette évolution pourra s'effectuer par la conquête du pouvoir politique sans recours à la violence, sauf en cas de légitime défense, puisque la libération de l'oppression capitaliste constitue non seulement l'objectif souhaitable mais encore l'aboutissement de la tendance historique objective de l'évolution de la société ; l'action de classe suppose la solidarité internationale et englobe l'ensemble, non seulement de la classe ouvrière, mais encore de tous les opprimés sans distinction de religion, de race ou de sexe.

Sa véritable vocation politique s'affirme dès 1894, date de son élection au Parlement où entrent les vingt-sept premiers députés socialistes belges. Sa renommée déborde rapidement les frontières du pays. La IIe Internationale est reconstituée lors du congrès de Paris de 1900. Il en devient le premier président du secrétariat permanent, fonction qu'il remplira jusqu'en 1918. Ses dons de synthèse et de conciliation se révèlent à l'occasion des grands débats qui agitent l'Internationale. Vandervelde, conscient du fait que la force socialiste réside dans son unité, recherche obstinément une voie médiane à travers toutes les controverses : Bernstein-Kautsky, Guesde-Jaurès,[...]

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Écrit par

  • : directeur de l'Institut Émille-Vandervelde, Bruxelles

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Pour citer cet article

Oscar DEBUNNE. VANDERVELDE ÉMILE (1866-1938) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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