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DAURAT DIDIER (1891-1969)

Le 2 décembre 1969 s'éteignait à Toulouse Didier Daurat, figure légendaire de l'Aéropostale, le « patron », comme l'appelaient respectueusement les héros de la ligne France-Amérique du Sud, à l'image de Mermoz, Vachet, Antoine, Dubourdieu, Guillaumet, Reine, parmi les plus fameux aviateurs de l'époque, sans oublier Saint-Exupéry qui lui rend un hommage appuyé dans Vol de nuit.

Rien ne prédisposait pourtant cet homme bourru à devenir la cheville ouvrière d'un des plus beaux réseaux aériens de l'histoire, malgré un père passionné qui l'entraînait à Juvisy pour assister aux évolutions de Santos-Dumont sur Demoiselle.

Né à Montreuil-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, le 2 janvier 1891, Daurat étudie à l'École d'horlogerie et à l'École des travaux publics, diplômé ingénieur avant d'être happé par la guerre et de plonger dans l'enfer de Verdun. Blessé le 2 avril 1916, soucieux d'échapper aux tranchées, il obtient son transfert dans l'aviation en juin 1916 et son brevet de pilote le 16 décembre suivant – « ma véritable naissance », avoua-t-il. Au cours d'un des nombreux vols de reconnaissance, le « camarade gelé » – ainsi surnomme-t-on Daurat en raison de sa timidité – repère la « Grosse Bertha », trois énormes pièces d'artillerie de 210 mm dissimulées à cent vingt kilomètres de Paris où leurs tirs sèment la terreur.

Après la guerre, le capitaine Daurat entre chez Latécoère, à Toulouse-Montaudran où, le 1er septembre 1919, il effectue le premier vol postal régulier entre Toulouse et Rabat. Mais l'aviateur laisse bientôt la place au meneur d'hommes quand, le 1er octobre 1920, il devient à Toulouse chef d'exploitation des lignes aériennes Latécoère.

Sous la houlette de ce chef intransigeant, les équipages motivés défrichent les lignes Toulouse-Casablanca-Dakar, avant de s'attaquer au parcours Natal-Rio de Janeiro-Buenos Aires et de le prolonger jusqu'à Santiago du Chili, le 14 juillet 1929, ce qui implique de vaincre la Cordillère des Andes. Puis la Ligne franchit l'Atlantique sud en mai 1930, grâce à Mermoz, Dabry et Gimié.

Lorsqu'il évoquera ses compagnons de la Ligne, Daurat dira simplement : « J'ai la joie et la fierté d'avoir aidé de mon mieux des hommes d'exception à se surpasser. Nulle profession ne suscite plus que la nôtre l'esprit d'équipe, le brassage des cœurs et des couches sociales.

Au lendemain du démantèlement de l'Aéropostale et de la création d'Air France, il fonde Air Bleu qui assure la liaison postale entre Paris et les grandes villes françaises, à partir du 10 juillet 1935. Si la guerre interrompt cette aventure, celle-ci repart de plus belle, la paix revenue, lorsque Daurat réorganise le Centre d'exploitation postal métropolitain d'Air France. Nommé en 1948 chef du Centre industriel et d'exploitation d'Orly, retraité dès le 1er mars 1953, Didier Daurat lance encore l'idée d'un réseau aérien métropolitain qui donnera sa structure à Air Inter.

— Bernard MARCK

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Écrit par

  • : historien de l'aviation, membre de l'Académie de l'air et de l'espace

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Bernard MARCK. DAURAT DIDIER (1891-1969) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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