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CHAVÍN DE HUANTAR

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers - crédits : Encyclopædia Universalis France

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers

Site archéologique de l'Horizon Ancien, Chavín de Huantar est situé dans les Andes péruviennes de la cordillère Blanche, à 3 180 mètres d'altitude, dans la vallée du Pukcha (ou Mosna, ce fleuve a deux noms), un affluent de l'Amazone. Ce site, qui fut occupé pendant la majeure partie du Ier millénaire avant notre ère, joua un rôle de centre cérémoniel comme en témoignent divers temples et constructions à fonction religieuse.

L'importance exceptionnelle de Chavín est due à Julio Tello, archéologue péruvien, qui fit reconnaître, dans les années 1920-1930, l'originalité de la culture Chavín, à partir de l'étude qu'il fit du site éponyme. L'art très particulier de la culture Chavín s'exprime dans l'architecture, la sculpture, la céramique et dans certains textiles. Il faut souligner l'importance des thèmes iconographiques indiquant des influences amazoniennes dans l'art Chavín — caïman, félin, aigle harpie, serpent —, art qui se caractérise par un style curvilinéaire multipliant les ornements autour d'un motif principal.

L'importante diffusion de l'art Chavín indiquerait qu'une hégémonie politique, culturelle et religieuse unifiait alors une grande partie du Pérou préhispanique, sous la férule d'un clergé omnipotent. On considère généralement qu'au culte d'un dieu « ancien » (monolithe du Lanzón), créature mi-homme mi-félin, a succédé celui d'une divinité tenant un sceptre dans chaque main, le « dieu aux bâtons » représenté sur la stèle Raimondi.

Un nouveau dégagement du site fut entrepris, de 1954 à 1966, par Marino Gonzalez Moreno, puis un vaste programme archéologique, le projet Chavín, de 1966 à 1975, sous la direction de Luis Guillermo Lumbreras, archéologue péruvien. D'autres fouilles se poursuivent sur le site depuis 1975. Des hypothèses divergentes concernant l'évolution chronoculturelle du site et de la culture Chavín ont été proposées, et le débat sur Chavín, site créateur-diffuseur ou site creuset-récepteur, n'est pas clos. Selon la chronologie longue (les premiers édifices du temple ancien datent de 1300 av. J.-C., apogée de Chavín 800 av. J.-C., abandon des temples vers 400 av. J.-C.) proposée par Luis G. Lumbreras, Chavín est le site qui diffuse son influence vers les centres cérémoniels préexistants, tandis que la chronologie courte proposée par Richard Burger et reprise par l'archéologue allemand Henning Bischof à partir d'analyses iconographique et stylistique des décors de la céramique, de la sculpture, etc. (premiers édifices du « temple ancien » 850 av. J.-C., apogée 500 av. J.-C. et abandon des temples vers 200 av. J.-C.) suggère au contraire que Chavín adopte les modèles venus d'autres centres (Selva, Sierra), et en particulier de la côte.

Luis G. Lumbreras a réalisé des fouilles importantes qui ont apporté la preuve que le centre cérémoniel était plus étendu, et a découvert un complexe de canaux de drainage souterrains ainsi que de nombreuses sculptures, notamment des têtes de félin ou de serpent.

D'après l'archéologue américain John Rowe, le site de Chavín n'était pas seulement un centre cérémoniel. Il devait exister aussi un important complexe d'habitations, à 1 kilomètre au nord des temples, comme en témoignent les tessons contenus dans les amas de détritus, aux abords de ces temples, et d'autres vestiges trouvés de l'autre côté du fleuve. Un certain nombre de sites de moindre importance, mais également contemporains de Chavín, ont été découverts dans un rayon de quelques kilomètres. En fonction de ces découvertes, Rowe considère que Chavín a été une ville dotée de magnifiques bâtiments cérémoniels, entourée par des villages disséminés dans la campagne environnante.

— Susana MONZON

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Pour citer cet article

Susana MONZON. CHAVÍN DE HUANTAR [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers - crédits : Encyclopædia Universalis France

-1000 à -600. Le fer et les cavaliers

Autres références

  • PÉROU DES INCAS (C. Cavatrunci, M. Longhena, G. Orefici)

    • Écrit par Rosario ACOSTA NIEVA
    • 1 021 mots

    Le Pérou précolombien représente, pour le public européen, un sujet lointain et mystérieux, non seulement par les milliers de kilomètres qui nous en séparent, mais surtout du fait de l'ancienneté de son histoire. En effet, l'histoire préhispanique du Pérou, en tant qu'entité culturelle...

  • PRÉCOLOMBIENS - Amérique du Sud

    • Écrit par Jean-François BOUCHARD, André DELPUECH, Universalis, Danièle LAVALLÉE, Dominique LEGOUPIL, Stéphen ROSTAIN
    • 23 220 mots
    • 3 médias
    ...externes d'un sanctuaire. On y voit des prêtres-guerriers menant une procession de prisonniers mutilés, décapités ou démembrés, qui évoque les rites sacrificiels sanglants de l'époque. Ensuite, se distinguent les styles, un peu plus tardifs, de Cupisnique et surtout deChavín, datant de la fin du Formatif.

Voir aussi