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SALACROU ARMAND (1899-1989)

Auteur dramatique français, Armand Salacrou fait des études de médecine puis de philosophie. Il s'intéresse aux problèmes sociaux et fréquente les milieux socialistes et communistes ; il collabore à L'Humanité. Mais, s'il garde une conscience politique aiguë qui se manifestera dans toute son œuvre, il quitte le Parti communiste et se lie au groupe surréaliste. Sa première pièce, Le Casseur d'assiettes (1925), se situe au carrefour de toutes ces influences, ce qui contribue sans doute à la rendre touffue et allusive : trop de références s'y mêlent sans que soit vraiment faite la distinction entre elles. Tour à terre (1925) et Le Pont de l'Europe (1927) semblent ainsi gratuites et irréelles sans que l'absurde qui s'en dégage réussisse à donner un sens à l'entreprise. Atlas-Hôtel (1931) raconte les victoires imaginaires d'un rêveur avec une désinvolture et un humour qui en font sa première pièce cohérente. Pourtant ce n'est pas encore le succès, même si Jouvet et Dullin se prennent d'amitié pour ce jeune auteur, et il faut attendre Une femme libre (1934) et L'Inconnue d'Arras (1935) pour que Salacrou soit connu d'un large public ; sans abandonner la fantaisie et la farce, il s'oriente vers la peinture des milieux bourgeois. La vérité humaine devient même très intense dans cette dernière pièce, par exemple, où, à l'image d'un procédé cinématographique, un homme revoit toute son existence à l'instant où il se suicide. En 1938, il obtient un triomphe avec La terre est ronde (mise en scène de Charles Dullin). Sous l'évocation de Florence au xvie siècle et du personnage de Savonarole apparaissent la critique des régimes fascistes et l'ombre de Hitler. Puis il fait jouer Histoire de rire (1940), pur divertissement de boulevard. Après la guerre et son expérience de la Résistance, il donne successivement Les Nuits de la colère (1947), d'une constante gravité, et L'Archipel Lenoir (1947), violente satire d'une famille bourgeoise : des scènes d'un comique souvent grinçant montrent comment une famille se débarrasse du grand-père qui est en train de la déshonorer. L'Archipel reste le modèle du théâtre de Salacrou. En 1960, celui-ci revient à l'engagement politique de sa jeunesse avec Boulevard Durand : c'est le récit d'une machination judiciaire, la condamnation d'un militant syndicaliste qui deviendra fou en prison. Dans la salle des pas perdus (1974) recueille ses Mémoires.

— Antoine COMPAGNON

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, professeur à l'université Columbia, États-Unis

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Pour citer cet article

Antoine COMPAGNON. SALACROU ARMAND (1899-1989) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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