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CHILTON ALEX (1950-2010)

Auteur-compositeur et interprète américain, Alex Chilton, figure prépondérante du groupe majeur de power pop que fut Big Star, créa une œuvre dont l'influence dépasse de loin son importance quantitative.

Né le 28 décembre 1950 à Memphis, dans le Tennessee, William Alexander Chilton a seize ans lorsqu'il démarre sa carrière musicale comme chanteur principal de The DeVilles, groupe blanc de blue-eyed soul – « soul aux yeux bleus » – de sa ville natale. Ce quintette acquiert une certaine renommée locale et finit par attirer l'attention d'un responsable des American Sound Studios, Chips Moman, ainsi que de l'auteur-compositeur Dan Penn. Ce dernier assure la production des disques du groupe – rebaptisé The Box Tops –, notamment sur le titre The Letter, qui rencontre un succès inattendu et demeure quatre semaines en tête du classement des cent singles les plus populaires aux États-Unis en 1967. Cette chanson sera reprise par la suite par Joe Cocker. Les Box Tops se hissent dans les dix meilleures ventes américaines avec Cry like a Baby. Mais leur succès va décliner, et ils se séparent en 1970.

Alex Chilton part s'installer à New York, mais il ne parvient pas à lancer sa carrière solo. De retour à Memphis en 1971, il forme, avec un autre auteur-compositeur, Chris Bell, le noyau du groupe Big Star. Ce quatuor sort en 1972 un album de power pop – genre conciliant puissance et harmonie –d'une facture sophistiquée, #1 Record, qui reçoit les louanges de la critique. Paroles mélancoliques, harmonies délicates et accords de guitare discordants se mêlent dans des titres comme The Ballad of El Goodo afin de créer un son dont tous s'accordent à dire qu'il est en avance sur son temps. Des problèmes de distribution entament cependant le succès commercial de l'album, et Bell quitte le groupe avant la sortie du suivant, Radio City (1974). Le titre le plus marquant de ce dernier est peut-être September Gurls. Ce morceau, aujourd'hui largement considéré comme le chef-d'œuvre de Chilton, anticipe en effet le travail d'artistes tels que Tom Petty ou Cheap Trick. Le dernier album de Big Star, Third (également paru sous le nom Sister Lovers, 1978), est une errance sombre dépourvue de la cohérence des précédents. En dépit de cela, des titres comme Kangaroo offrent un aperçu du son noise-pop qui émergera dans les années 1980 avec des groupes comme The Jesus and Mary Chain et My Bloody Valentine.

Se tournant vers une carrière solo à la fin des années 1970, Alex Chilton travaille comme producteur, enregistrant le premier single du groupe de « psychobilly » (fusion entre punk et rockabilly) The Cramps. Les albums personnels qu'il sort pendant cette période, notamment Like Flies on Sherbert (1979) et High Priest (1987), rencontrent un succès mitigé, et la renommée de Big Star éclipse la majeure partie de sa production des années 1980 et 1990. Apparemment conscient de cette réalité, Chilton tourne par moment complètement le dos à la musique. Après la bataille qu'il mène contre l'alcoolisme au début des années 1980, il part s'installer à La Nouvelle-Orléans, où il fait la plonge et accumule les petits boulots pour gagner sa vie. L'avènement du rock alternatif à cette époque voit l'émergence de R.E.M., de Teenage Fanclub et de The Replacements – autant de groupes qui créent sans vergogne de la musique dans l'esprit de Big Star. The Replacements vont même jusqu'à nommer un de leurs morceaux Alex Chilton, dont les paroles « And children by the million sing for Alex Chilton » témoignent du nouveau regard positif que porte le monde musical sur l'œuvre révolutionnaire de cet artiste. Si ce dernier cesse d'enregistrer de nouveaux titres à partir du début des années 2000, il continue de se produire très régulièrement sur scène jusqu'à sa mort, survenue le 17 mars[...]

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Universalis et Michael RAY. CHILTON ALEX (1950-2010) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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