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RÉMUSAT ABEL (1788-1832)

Après les premières connaissances sur la Chine apportées aux xviie et xviiie siècles par les jésuites, et spécialement les jésuites français, l'étude du chinois et de la civilisation chinoise s'introduit peu à peu au xviiie siècle comme annexe de l'une ou l'autre des chaires d'orientalisme du Collège royal (le futur Collège de France).

En 1814-1815, (Jean-Pierre) Abel-Rémusat (c'est ainsi que son nom est écrit sur la plupart de ses ouvrages, mais les bibliographes le classent généralement à Rémusat, parfois à Abel-Rémusat) inaugure la première chaire de langues et littératures chinoises et tartares-mandchoues, nom qui se maintiendra jusqu'en 1918 (cf. Henri Maspero, « La Chaire de langues et littératures chinoises et tartares-mandchoues », in Le Collège de France, Livre jubilaire composé à l'occasion de son quatrième centenaire, Paris, 1932). Il devient ainsi le fondateur des études chinoises en Occident. Son enseignement consiste en des exposés sur la grammaire chinoise et des explications de textes : c'était en effet de toute première nécessité pour la poursuite des études sinologiques. En 1821, il publie la première grammaire à la fois de la langue écrite et de la langue parlée, en même temps que la première grammaire qui ne soit pas une pure transposition des grammaires occidentales, sous le titre Éléments de la grammaire chinoise, ou Principes généraux du kou-wen, ou style antique, et du kouan-hoa, c'est-à-dire de la langue commune généralement usitée dans l'Empire chinois.

En même temps qu'il poursuit son cours, il entreprend l'inventaire des livres envoyés de Chine à la Bibliothèque du roi au xviiie siècle. Une partie des notices bibliographiques ou biographiques rédigées à cette occasion passe dans ses Mélanges asiatiques et Nouveaux Mélanges asiatiques (1825-1829).

Le troisième aspect de son œuvre est celui de l'étude des relations de la Chine et de l'Occident, qui va rester une des grandes orientations de la sinologie au xixe siècle, au détriment des recherches sur la Chine proprement dite. Deux importantes publications en découlent : son volumineux Mémoire sur les relations politiques des princes chrétiens et particulièrement des rois de France avec les empereurs mongols (1824-1828) et son « œuvre la plus considérable et la moins vieillie » (P. Demiéville, « Aperçu historique des études sinologiques en France » in Acta Asiatica 11, Tōkyō, 1960) : Foě kouě ki ou Relation des royaumes bouddhiques, publication posthume datée de 1836. Emporté par le choléra à l'âge de quarante-quatre ans, il laissait derrière lui des disciples, tel Stanislas Julien, et une œuvre écrite qui mettait la France au premier rang de la sinologie dans le monde occidental.

— Yves HERVOUET

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-VII, directeur de l'Institut des hautes études chinoises au Collège de France

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