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PENCK A. R. (1939-2017)

Les œuvres de A. R. Penck – peintre, écrivain, musicien – s'efforcent de restituer à l'art sa fonction active, catalysante. Avant leur réunification, il a témoigné de la déchirure entre les deux Allemagnes, du conflit entre deux idéologies (Est/Ouest). « Facteurs de déconditionnement », selon Jacques Beauffet, directeur du musée d’Art moderne de Saint-Étienne de 1998 à 2003, « elles visent à la création de situations inédites, porteuses de liberté, susceptibles d'agir sur le vécu quotidien ».

Né le 5 octobre 1939 à Dresde (son nom est alors Ralf Winkler), l'artiste a été formé et a vécu en République démocratique allemande jusqu'en 1980, date de son extradition à l'Ouest. Il a donc dû affronter les conditions qui règlent l'exercice de la peinture dans les pays de l'Est. Rejetant l'imagerie optimiste du réalisme socialiste, rayé de la liste officielle des artistes et interdit d'exposition (depuis les années 1960), il a cependant réussi à se manifester en Allemagne de l'Ouest, sous le pseudonyme de A. R. Penck (entre autres noms d'emprunt), et a été invité à la Documenta 5 de Kassel en 1972. Ses peintures et gravures, qui réduisent la figure humaine à une silhouette schématique, développent un réseau de signes variés, graphiques ou mathématiques, qui témoignent l'intérêt de l'artiste pour la cybernétique et les théories de la communication (Feuer, 1967-1968 ; Sans Titre, 1974 ; Meeting, 1976). À la fin des années 1970, les signes couvrent totalement la surface du tableau (Quo vadis Germania ?, 1984) ou bien alternent avec un mode de représentation plus illusionniste qui insère des volumes fictifs sur la toile (Was System wird, 1981). À partir de 1977, il se tourne vers la sculpture en bois puis en bronze et, à partir de 1986, en marbre. Sa ville natale a présenté en 1992 ses peintures, sculptures et dessins. Cette sélection de cent trente-quatre pièces mettait en lumière leur configuration rythmique, caractéristique majeure de l'art de Penck. En 2008, le musée d'Art moderne de la Ville de Paris organise une rétrospective de son œuvre. En 2017, la fondation Maeght, à Saint-Paul-de-Vence, lui consacre une exposition sous le titre Rites de passage.

L'art de Penck est souvent associé à celui de Georg Baselitz, Markus Lüpertz ou Jorg Immendorff. Parfois qualifié de « primitiviste », il brasse les notations pictographiques, idéographiques et alphabétiques sans les soumettre à un code dominant. Ainsi, tout comme Paul Klee, auquel il est parfois comparé, il restitue au symbolisme graphique son double pouvoir d'indétermination et de foisonnement.

A.R. Penck meurt à Zurich (Suisse) le 2 mai 2017.

— Élisabeth LEBOVICI

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Élisabeth LEBOVICI. PENCK A. R. (1939-2017) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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