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1955 42e Tour de France

La course

Le Français Louison Bobet, champion du monde en titre, relève un défi à l'occasion de ce quarante-deuxième Tour de France : devenir le premier coureur vainqueur trois fois consécutivement de la Grande Boucle. S'il remporte la troisième étape (Roubaix-Namur, 210 km), son dessein se trouve contrarié par Antonin Rolland qui s'empare du maillot jaune à Metz, le lendemain. Ce coureur étant l'un de ses coéquipiers au sein de l'équipe de France, Bobet se doit de rester sur la réserve.

La onzième étape (Marseille-Avignon, par le Ventoux, 198 km) est le théâtre de ces exploits et de ces drames qui forgent la légende du Tour. Le Luxembourgeois Charly Gaul, brillant dans les Alpes et qui est devenu menaçant pour le maillot jaune d'Antonin Rolland, semble défaillant ; Bobet passe à l'attaque ; il bascule en tête au sommet du Ventoux, poursuit son effort durant les 60 kilomètres restants pour rallier Avignon et remporte l'étape. Le bénéfice chronométrique est maigre : le Belge Jean Brankart ne concède que 50 secondes, tandis qu'Antonin Rolland conserve son maillot jaune ; cependant, Bobet a pris un ascendant psychologique important sur son coéquipier. Mais deux drames se sont joués lors de l'ascension du « Géant de Provence ». À 10 kilomètres du sommet, le Français Jean Malléjac s'effondre ; il reste inconscient pendant un quart d'heure, et le docteur Dumas ne parvient à le réanimer que grâce à une injection de Solucamphre ; malgré les dénégations de Malléjac, le dopage semble bien être la cause de son abandon. Le Suisse Ferdi Kubler, quant à lui, attaque dès les premières pentes du Ventoux, en compagnie de Raphaël Geminiani ; trop présomptueux, il est également victime d'une terrible défaillance, chute plusieurs fois dans la descente, et rallie Avignon dans un état second : le Tour est fini pour lui, mais sa carrière également ; Ferdi Kubler ne se remettra jamais de cet épisode et abandonnera le cyclisme.

Le Tour se joue finalement dans les Pyrénées. Entre Toulouse et Saint-Gaudens (dix-septième étape, par les cols de Peyresourde et d'Aspin, 249 km), Antonin Rolland, décroché, concède 7 minutes. Charly Gaul s'impose, et Louison Bobet revêt le maillot jaune. Le lendemain, malgré les attaques répétées de Gaul dans le Tourmalet et l'Aubisque, Bobet résiste : le Belge Jean Brankart remporte cette dix-huitième étape (Saint-Gaudens  - Pau, 206 km), Bobet conserve son maillot jaune. Diminué par une blessure à la selle, Louison Bobet, battu de 2 minutes par Jean Brankart lors de la vingt et unième étape (Châtellerault-Tours, 68,6 km contre la montre), a dû faire valoir tout son courage pour tenir son défi. Son succès n'en a que plus de valeur ; sa popularité est à son zénith. Quant à Antonin Rolland, il se classe finalement cinquième (à 13 min 18 s).

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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Pour citer cet article

Pierre LAGRUE. 1955 - 42e Tour de France [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )