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George Washington, G. Stuart

Gilbert Stuart (1755-1828), George Washington. 1795-1796. Huile sur toile. 243,8 cm X 152,4 cm. Brooklyn Museum of Art, New York, États-Unis.

Le peintre américain Gilbert Stuart a réalisé au moins 114 portraits de George Washington. Tous dérivent de trois modèles, exécutés en 1795-1796, où le premier président des États-Unis est représenté en buste ou en pied. Le plus célèbre de ces tableaux, que Stuart reproduisit à plus de soixante exemplaires, est inachevé : c'est le « portrait de l'Athenaeum », du nom du club de Boston qui l'acheta lors de la succession de l'artiste. C'est un des tableaux les plus célèbres de toute l'histoire de la peinture américaine. La version en pied que nous voyons ici en dérive en partie, car Stuart y a repris tel quel, pour peindre le visage de Washington, le « portrait de l'Athenaeum », particulièrement réussi quant à la ressemblance des traits, la vérité du regard et la qualité de l'expression.
Représenter uniquement la tête ou le buste invite à privilégier le caractère du sujet. Peindre un portrait en pied est beaucoup plus conventionnel, surtout à l'époque de Stuart. Celui-ci était très marqué par l'art du portrait européen, notamment anglais et français. Il s'en inspire plus ou moins étroitement, dans le choix du décor, de la position, des accessoires et des symboles, réalisant en définitive une œuvre qui appartient nettement plus à l'Ancien Monde qu'au Nouveau. Elle se rapproche en effet beaucoup de portraits de souverains comme le Louis XIV peint par Hyacinthe Rigaud, ou encore de notables comme le Bossuet peint également par Rigaud. Stuart ne reprend pas ici les aspects plus novateurs de peintres britanniques contemporains qu'il connaissait, comme Thomas Gainsborough ou Joshua Reynolds. Ces derniers, sans abandonner complètement les conventions alors en usage, savent les renouveler en leur donnant un caractère beaucoup moins officiel : ainsi Reynolds, dans le Portrait du colonel Tarleton. Tarleton avait combattu les Américains durant la guerre d'Indépendance, et Reynolds le représente faisant remettre son équipement en place ; ainsi Gainsborough, qui place, dans le bas du Portrait de sir Henry Bate-Dudley, un petit chien en train d'aboyer.
Auteur : Barthélémy Jobert