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2-31 mars 1991

Albanie. Succès des communistes aux premières élections libres après un nouvel exode de réfugiés

À partir du 2, des milliers d'Albanais qui veulent quitter leur pays se rendent au port de Durrës d'où ils embarquent sur des cargos ou des embarcations de fortune à destination de l'Italie. Parallèlement, des milliers d'autres franchissent, sans rencontrer de résistance, la frontière de la république du Monténégro, en Yougoslavie, tandis que certains gagnent la Grèce. Les lenteurs des changements politiques, les difficultés économiques, mais aussi les affrontements meurtriers de février à Tirana expliquent ce mouvement de masse.

Le 7, Durrës est placé sous contrôle militaire et, les jours suivants, les autorités parviennent à endiguer ce flot de candidats à l'exil. Entre-temps, près de vingt mille réfugiés ont pu gagner Brindisi, où la population locale, à défaut des autorités italiennes manifestement dépassées, ont dû prendre en charge ces nouveaux boat people, parmi lesquels mille cinq cents mineurs. Une partie d'entre eux regagnent finalement l'Albanie, tandis que les autres sont dirigés vers des camps d'accueil.

Le 15, Tirana rétablit ses relations diplomatiques avec les États-Unis, après cinquante-deux ans de rupture, et annonce vouloir normaliser ses relations avec le Vatican et Israël.

Le 17, les autorités affirment que les cent soixante-quinze derniers prisonniers politiques ont été libérés. Pourtant soixante-quatre personnes, dont les manifestants arrêtés en février, restent détenues pour « sabotage..., terrorisme et espionnage ».

Le 29, une manifestation sans précédent réunit cinquante mille personnes sur le campus de l'université de Tirana afin de soutenir le principal parti d'opposition, le Parti démocratique, à la veille des élections du 31. De son côté, le président Ramiz Alia (communiste) s'engage à respecter le verdict des urnes.

Le 31, les électeurs sont appelés à élire librement, pour la première fois depuis 1946, leurs deux cent cinquante représentants à l'Assemblée populaire. Plus de mille candidats appartenant à onze partis se présentent à ce premier tour de scrutin dont la régularité est contrôlée par des observateurs étrangers. La participation est massive (98,9 p. 100), et le Parti du travail (communiste) obtient 64,5 p. 100 des voix, mais Ramiz Alia est battu dans sa propre circonscription à Tirana. Le Parti démocratique, qui n'obtient que 27 p. 100 des suffrages, est à la fois victime du conservatisme des campagnes, de la trop courte campagne électorale et de l'absence de tradition démocratique dans le pays.

— Universalis

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