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TAMERLAN, TIMOUR ou TIMŪR LENG dit (1336-1405)

Bien que souvent comparé à Gengiskhan, Tamerlan diffère considérablement du fondateur de l'Empire mongol, car s'il a été comme celui-ci le plus grand conquérant de son temps, s'il a comme lui semé la terreur sur son passage, en revanche il n'a pas créé un État viable, ses nombreuses expéditions ont davantage eu le caractère de raids que d'entreprises conquérantes, et son gouvernement n'a rien apporté d'original aux peuples qu'il a soumis. Musulman pratiquant, il s'est montré d'une cruauté sans égale envers ses coreligionnaires adversaires, au nom de l'orthodoxie, la sienne. Son pouvoir a été fondé sur la force militaire, sur la terreur (le nombre de ses victimes se chiffre par dizaines, sinon par centaines de milliers), sur un système juridico-religieux alliant le yasakde Gengis-khan à la shari‘at musulmane, sur la prééminence des Turcs et non plus des Mongols. Tamerlan n'a su faire ni l'unité politique ni l'unité des hommes au sein de son Empire ; quoique lui-même épris de savoir et de culture, il n'a pu se concilier les tenants des civilisations traditionnelles d' Asie centrale et d'Asie occidentale. Il a laissé un nom dans l'histoire, mais son œuvre, qu'il a dû reprendre sans cesse par manque d'esprit d'organisation, a disparu avec lui qui, pourtant, avait victorieusement conduit son armée turco-mongole de la Volga à Damas, de Smyrne au Gange et à la Haute-Asie.

Tamerlan - crédits : De Agostini/ Getty Images

Tamerlan

1300 à 1400. Tamerlan - crédits : Encyclopædia Universalis France

1300 à 1400. Tamerlan

Des débuts modestes

Timour (l'Homme de fer), surnommé plus tard Lenk (le Boiteux), d'où la déformation occidentale, Tamerlan, est né le 8 avril 1336 à Kesh, au sud de Samarkand, dans une famille d'origine turque que ses biographes officiels ont prétendu faire descendre de Gengis-khan : en fait, il n'a été associé aux Gengiskhanides que par son mariage en 1397 avec la fille du dernier khan de Djaghataï, Khizir Khodja.

La Transoxiane constituait alors une sorte de confédération turque dans laquelle Taragaï, père de Tamerlan, régnait à Kesh. En 1360, la Transoxiane est à nouveau intégrée au Djaghataï par Tughlug Temür, auquel Tamerlan prête hommage ; mais, s'estimant mal récompensé, Tamerlan quitte son pays, s'en va guerroyer en Perse, puis revient en Transoxiane où, associé à Mir Hosseïn, il triomphe du gouverneur djaghataïde et libère la province (1364-1365), dont il ne devient roi qu'en 1370, après de multiples péripéties qui l'ont tantôt rapproché, tantôt éloigné de Mir Hosseïn : celui-ci finit par être vaincu et assassiné. Tamerlan s'est gardé de prendre le titre de sultan (il ne l'a fait qu'en 1388) et a installé au-dessus de lui, mais sans pouvoir, un khan mongol gengiskhanide qui signait les actes officiels et assurait, par son existence, la fiction de la pérennité mongole : en réalité, Tamerlan a substitué une domination turque à une domination mongole.

Les premiers succès de Tamerlan sont dus au fait que les États environnant la Transoxiane, les khanats de Djaghataï, des Ilkhan, du Kiptchak connaissent une désagrégation interne, marquée par des luttes entre prétendants au trône ou par la création de petits royaumes autonomes, sinon indépendants. Il est à noter que les expéditions menées par Tamerlan contre les États voisins se sont presque toujours terminées sans apporter de solution aux problèmes internes, sans instaurer même un nouveau gouvernement ; ces expéditions ont en outre la caractéristique d'avoir été dispersées dans le temps et dans l'espace, apparemment sans esprit de suite ni de continuité : cela explique que les troupes timourides aient eu à intervenir à différentes reprises dans les mêmes territoires, et que les campagnes de Tamerlan ne puissent être classées de façon méthodique.

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I

Classification

Pour citer cet article

Robert MANTRAN. TAMERLAN, TIMOUR ou TIMŪR LENG dit (1336-1405) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Tamerlan - crédits : De Agostini/ Getty Images

Tamerlan

1300 à 1400. Tamerlan - crédits : Encyclopædia Universalis France

1300 à 1400. Tamerlan

Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    Peu de temps après, un nouveau conquérant vint mettre fin à l'œuvre commencée. C'était Timour Leng « le Boiteux » ou Tamerlan, qui, se mettant à la tête des hordes turco-mongoles, envahit le plateau de l'Iran, avec le zèle destructeur d'un nouveau Gengis khan. Les Karts résistèrent à Herat...
  • ANKARA BATAILLE D' (20 juill.1402)

    • Écrit par Vincent GOURDON
    • 205 mots

    La victoire de Tamerlan à Ankara (Anatolie) en 1402 sur les Ottomans, dont le sultan Bayézid Ier est capturé lors du combat, constitue pour ces derniers un coup d'arrêt temporaire dans leur expansion, offrant par là même un répit d'un demi-siècle aux restes de l'Empire byzantin. Mais, surtout,...

  • BAYÉZID ou BAJAZET Ier (1360 env.-1403) sultan ottoman (1389-1402)

    • Écrit par Universalis
    • 254 mots

    Sultan ottoman né à Edirne vers 1360, mort en mars 1403 à Aksehir, dans l'Empire ottoman.

    Bayézid Ier, surnommé Yildirim (« la Foudre »), fils de Murad Ier, annexe de vastes territoires balkaniques pendant les premières années de son règne. Plus tard, la progression des forces vénitiennes...

  • DJAGHATAÏDES

    • Écrit par Jean-Paul ROUX
    • 704 mots

    Dynastie issue du deuxième fils de Gengis khan. L'apanage (ulus) de Djaghataï en Asie centrale est d'abord constitué par les steppes de l'Ili, de l'Issiq-Köl, du Tchou et du Talas, puis élargi à la fin du xiiie siècle pour englober alors la région méridionale du lac Balkach,...

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Voir aussi