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SYLLABUS

Recueil « contenant les principales erreurs de notre temps » adressé aux évêques par Pie IX (et daté du 8 décembre 1864) en même temps que l'encyclique Quanta Cura. Il était constitué de quatre-vingts propositions déjà condamnées antérieurement par le pape. L'idée d'un pareil recueil avait été suggérée dès 1849 par le cardinal Pecci et reprise notamment à l'occasion de la définition de l'Immaculée Conception en 1854. Elle fut relancée en 1859 à la suite du rebondissement de la question romaine. Le Vatican ayant demandé des suggestions à quelques personnes de confiance, une commission désignée au printemps de 1860 élabora, sur la base des réponses reçues, un projet de Syllabus errorum in Europa vigentium. Mais, quelques mois plus tard, le pape jugea préférable de prendre comme base de départ la liste des quatre-vingt-cinq propositions par laquelle se terminait la récente Instruction sur les erreurs du temps présent de Mgr Gerbet, évêque de Perpignan (décision regrettable selon le père Martina, qui a reconstitué à partir des archives du Vatican la genèse du Syllabus dans deux études parues l'une dans le recueil Chiesa e Stato nell'Ottocento. Miscellanea P. Pirri, II, 1962, et l'autre dans l'Archivum historiae pontificiae, VI, 1968 ; le premier document se situait, en effet, davantage sur le plan des principes et présentait un caractère plus synthétique).

Plusieurs commissions successives de théologiens et de cardinaux, dont les travaux étaient suivis d'assez près par le pape, s'appliquèrent pendant plus d'un an à mettre au point les propositions de Gerbet et surtout à les qualifier théologiquement. La nouvelle liste, qui résumait en soixante et une thèses les principales tendances modernes à affranchir la philosophie, la morale et la politique du contrôle de la religion, fut soumise sous le sceau du secret aux évêques, mais la divulgation du document dans la presse à la suite d'une fuite et les réserves formulées par divers prélats eurent pour conséquence que le document fut remis sur le métier. Après bien des discussions, on se décida, à la fin de l'été de 1864, pour une nouvelle solution : un rappel des condamnations déjà prononcées par Pie IX. En quelques semaines, avec l'aide du barnabite L. Bilio, furent rédigées, d'une part, l'encyclique Quanta Cura et, d'autre part, une liste de quatre-vingts passages extraits des allocutions et écrits du pape depuis le début de son pontificat. Le tout fut promulgué le 8 décembre 1864.

Divisé en dix chapitres, le Syllabus condamnait : 1. le panthéisme, le naturalisme et le rationalisme absolu ; 2. le rationalisme modéré ; 3. l'indifférentisme, qui considère que toutes les religions se valent ; 4. le communisme, les sociétés secrètes et les sociétés bibliques protestantes ; 5. des erreurs concernant l'Église et ses droits ; 6. des erreurs concernant la société civile et ses relations avec l'Église, entre autres, la séparation de l'Église et de l'État ; 7. des erreurs en matière de morale ; 8. les conceptions erronées sur le mariage chrétien ; 9. le rejet du pouvoir temporel du pape ; 10. des erreurs concernant « le libéralisme moderne », notamment la liberté des cultes (commentaire détaillé dans L. Choupin, Valeur des décisions du Saint-Siège, 3e éd., Paris, 1928).

C'est surtout ce dernier aspect qui frappa le grand public, d'autant plus que les propositions retirées de leur contexte présentaient parfois un aspect déconcertant, qui justifie le jugement de dom C. Butler : « un document singulièrement inopportun ». La tempête que ce document souleva presque partout mais surtout en France, et dont l'ampleur surprit à Rome, fut toutefois assez vite apaisée grâce à une habile intervention de Mgr Dupanloup, lequel dans[...]

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Pour citer cet article

Roger AUBERT. SYLLABUS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CATHOLICISME LIBÉRAL ET CATHOLICISME SOCIAL

    • Écrit par René RÉMOND
    • 7 280 mots
    ...encycliqueMirari vos (1832), l'encyclique Quanta cura (1864) et le catalogue des erreurs contemporaines qui l'accompagne, connu sous le nom de Syllabus, les définitions conciliaires de 1870 anéantissent les efforts des catholiques libéraux, dispersent leurs groupes, désavouent leurs entreprises...
  • INTÉGRISME

    • Écrit par Émile POULAT
    • 5 685 mots
    • 1 média
    ...d'abord donné quelques signes d'apaisement. Les révolutions de 1848 le ramenèrent sur une ligne d'opposition qui ne faiblit pas jusqu'à sa mort en 1878. En 1864, il publiait un Syllabus de quatre-vingts propositions, « recueil renfermant les principales erreurs de notre temps ». La dernière de ces « erreurs...
  • LAMENTABILI DÉCRET (1907)

    • Écrit par Émile POULAT
    • 320 mots

    Première intervention doctrinale du Saint-Siège dans la crise moderniste, ce décret du Saint-Office, daté du 3 juillet 1907, réprouvait et proscrivait une liste de soixante-cinq propositions erronées. Ces erreurs concernaient les droits de la critique savante face à l'enseignement de l'...

  • OTTAVIANI ALFREDO (1890-1979)

    • Écrit par Émile POULAT
    • 855 mots

    Le terrible cardinal Ottaviani n'est plus, il est allé rejoindre l'ombre de Torquemada : c'est du moins ce qu'ont pu dire ou penser ses adversaires et ses victimes, se fondant sur l'image qu'ils se faisaient de lui, associée à celle qu'ils avaient du sinistre Saint-Office où le prélat avait fait sa...

Voir aussi