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ACIDES ROCHES

En pétrographie, on qualifie de « roches acides » celles qui contiennent plus de 65 p. 100 en poids du constituant SiO2 (la silice). Comme les minéraux les plus siliceux — à l'exception bien entendu du quartz — sont les feldspaths alcalins, pour lesquels la teneur en SiO2 est précisément voisine de 65 p. 100, il en résulte que les roches acides ne contiennent pas nécessairement de quartz. Cependant, comme la paragenèse comprend le plus souvent des minéraux ferromagnésiens (biotites, amphiboles) dont la teneur en SiO2 est de l'ordre de 40 p. 100, les minéraux siliceux (quartz, tridymite, cristobalite) sont généralement présents en quantité notable. Là encore, on a essayé de préciser la notion d'acidité en considérant, dans la roche supposée entièrement fondue, la fraction molaire de SiO2, ou activité de la silice. Cette évaluation est d'usage courant dans l'étude thermodynamique des verres industriels simples, comme les mélanges binaires SiO2—MO ou SiO2—M2O. Elle est d'utilisation plus délicate dans les cas des magmas naturels riches en Al2O3, car on ne sait pas exactement quelles sont les molécules à prendre en compte dans le dénombrement. Il est certain que NaAlO2 et KAlO2 doivent être considérés comme des formateurs de réseau au même titre que SiO2, et que par ailleurs MgO et FeO sont des modificateurs de réseau, tout comme H2O dans les magmas hydratés. En revanche, le rôle de Ca est moins clair, car il est en partie associé à Al sous une forme dont on ne sait s'il convient mieux de l'écrire CaAl2O4 ou Ca0,5AlO2, d'où une incertitude d'un facteur 2 sur le nombre de moles correspondant.

Une roche sera considérée comme plus acide qu'une autre si son analyse chimique fait apparaître une teneur plus élevée en SiO2, sans que nécessairement l'une ou l'autre fasse partie des roches acides telles qu'on les a définies plus haut. Par ailleurs, la notion d'acidité, ou plutôt de basicité, est indépendante de celle d'alcalinité, qui traduit en première approximation une teneur élevée en éléments alcalins. Le choix malencontreux de ces termes fait qu'un granite à ægyrine peut être considéré comme une roche acide alcaline, et qu'une andésite acide (définie par la fourchette 57 p. 100 < SiO2 < 63 p. 100) n'est pas une roche acide, ce qui est assez surprenant et montre bien le caractère relatif de cette notion.

— Jean-Paul CARRON

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Écrit par

  • : professeur de géologie à l'université de Bretagne-Occidentale, Brest

Classification

Pour citer cet article

Jean-Paul CARRON. ACIDES ROCHES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SILICE

    • Écrit par Maurice LELUBRE, Jean WYART
    • 5 702 mots
    • 11 médias
    ...est conditionnée principalement par la saturation en SiO2 du magma ; aussi est-il caractéristique des roches à excès de silice (dites fréquemment roches acides), dont les plus importantes sont celles de la famille des granites ; absent en principe des roches saturées ou déficitaires en silice, il...

Voir aussi