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PROSOPOPÉE, rhétorique

Terme qui désigne l'un des procédés de la rhétorique, et que recense déjà Philodème le Philosophe dans son traité Sur les poèmes. Le terme est forgé sur prosôpon, « ce qui se tourne vers, se présente à (pros) la vue (ôps) », donc la face, le front, le visage, puis la personne, et même le masque, et sur poieïn, « faire ». La prosopopée fait parler, donc donne visage, à un mort par exemple, tel Fabricius dans le Discours sur les sciences et les arts de Rousseau, ou à une allégorie, comme la Patrie, par la bouche de qui Cicéron adjure l'ennemi public dans la première Catilinaire. Les premières prosopopées furent sans doute celles, grecques, où parlèrent les dieux et les muses : ainsi, dans le Poème de Parménide, les routes sont dites par la déesse qui se tourne vers le jeune homme (fragment 1, v. 22 sq.). La poésie grecque étant « enthousiaste », bien des poèmes peuvent, comme L'Iliade ou la Théogonie d'Hésiode, être considérés comme une longue prosopopée, où poète et muse n'ont qu'un visage et chantent par la bouche l'un de l'autre. Aussi réserve-t-on alors souvent le terme aux passages où le poète présente précisément les muses : « Les Muses héliconiennes, commençons par les chanter, elles qui tiennent la grande et toute divine montagne d'Hélicon » (début de la Théogonie).

— Barbara CASSIN

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Classification

Pour citer cet article

Barbara CASSIN. PROSOPOPÉE, rhétorique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PERSONNIFICATION, esthétique

    • Écrit par Bernard CROQUETTE
    • 412 mots

    « Figure de pensée », selon la terminologie de la rhétorique, consistant à représenter à l'aide des traits humains, physiques ou moraux, une abstraction ou une chose inanimée : ainsi les vices et les vertus dans la littérature (comme dans la peinture ou la sculpture) médiévale, et les vertus encore...

Voir aussi