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PARODIE, art et littérature

Exercice de virtuosité en même temps que démonstration de liberté, condamnée à dépendre de l'original qu'elle détourne, et, comme la satire, prisonnière du contexte et victime du temps, la parodie constitue une approche instructive des œuvres, des styles et des genres qu'elle rabaisse et pervertit – souvent –, magnifie – parfois –, analyse – toujours.

L'art du détournement

Si la parodie est sans doute aussi ancienne que la littérature, c'est dans La Poétique (vers 340 av. J.-C.) d'Aristote que le mot se rencontre pour la première fois : la parôdia y occupe en effet la quatrième case de la fameuse classification des genres littéraires, selon deux modes (dramatique et narratif) et deux niveaux (haut et bas). La parodie sera donc une représentation d'actions selon un mode narratif bas. Mais le philosophe n'en dit pas beaucoup plus, et les quelques œuvres auxquelles il fait allusion ne sont pas parvenues jusqu'à nous. Nous en sommes donc réduits aux conjectures. La plus traditionnelle suppose que les rhapsodes ponctuaient les chants de l'Iliade et de l'Odyssée d'intermèdes plaisants, citations plus ou moins littérales de vers d'Homère, mais détournés de leur sens et de leur ton originaux, dans le but de divertir les auditeurs. Vraie ou fausse, cette hypothèse est fidèle, en tout cas, à l'étymologie du mot : en grec, parôdia signifie littéralement « chant à côté ».

Cette conception de la parodie comme citation « décalée » domine jusqu'au xviie siècle. À cette époque, deux genres – qui ne sont donc pas considérés alors comme relevant de la parodie – vont connaître une vogue considérable : le travestissement burlesque et le poème héroï-comique, le premier consistant en une transformation d'une œuvre, le second en une imitation d'un style ou d'un genre. C'est cette dernière pratique qui va être peu à peu désignée par le terme de « pastiche ». Issu de l'italien pasticcio, qui signifie littéralement « pâté », et, au sens figuré, « affaire embrouillée », le mot ressortit, dès la fin du xviie siècle, au vocabulaire de la peinture, où il désigne un tableau qui en imite d'autres. Dès l'origine, le pastiche a donc été du côté de l'imitation, alors que la parodie, elle, consistait en une transposition. Cette distinction ne variera plus guère : après Chapelain décoiffé (1665) de Jean Racine et Nicolas Boileau, et le Virgile travesti (1648-1652) de Paul Scarron, La Passion considérée comme course de côte (1903) d'Alfred Jarry ou Le Roi se meurt (1962) d'Eugène Ionesco relèvent bien de la parodie ; tandis qu'à la suite du Lutrin (1674-1683) de Boileau, Les Déliquescences d'Adoré Floupette (1885) de Gabriel Vicaire, les À la manière de de Reboux et Muller ou Virginie Q de Marguerite Duraille (alias Patrick Rambaud) ressortissent bien au pastiche.

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Pour citer cet article

Guy BELZANE. PARODIE, art et littérature [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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