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OBJET, psychanalyse

En psychanalyse, le mot « objet » renvoie en premier lieu à « l'objet sexuel » dont la toute première et plus simple définition est donnée par Freud en 1905 dans son texte Les Trois Essais : « la personne dont émane l'attraction sexuelle ». L'objet est donc essentiellement objet de la pulsion sexuelle, auquel celle-ci s'adresse, à la recherche de sa satisfaction.

La théorie freudienne

C'est en 1915, dans un texte intitulé Pulsions et destins de pulsions, que Freud précise et définit l'objet dans son rapport avec la pulsion. Si le but d'une pulsion est la satisfaction, l'objet est « ce en quoi et par quoi la pulsion peut atteindre son but ». Objet et pulsion sont donc intimement liés dans la théorie freudienne. Et cette liaison dérive des principes biologiques de reproduction et d'autoconservation sur lesquels Freud s'appuie pour développer ses concepts. Mais l'instinct humain et son objet gardent des particularités spécifiques.

Contrairement au circuit de l'autoconservation biologique, l'objet de la pulsion n'est pas, pour Freud, déterminé par avance par la phylogenèse de l'espèce : dans ce sens, l'objet est « ce qu'il y a de plus variable dans la pulsion, il ne lui est pas originellement connecté, au contraire il ne lui est adjoint qu'en raison de son aptitude à rendre possible la satisfaction ». Ainsi, on parle de « choix d'objet » pour signifier que c'est le sujet lui-même (et son histoire) qui, dans un moment de son évolution, s'adressera à un type particulier d'objet parmi d'autres, de « déplacement », pour montrer que la libido a la capacité de permuter ses objets, et de « fixation » pour signaler, à l'inverse, qu'une pulsion déterminée est restée nouée à un objet dont elle ne peut plus se dessaisir.

Du point de vue de son évolution psycho-sexuelle, le sujet part d'une étape autoérotique (dont les objets sont des fragments de son corps propre), il passe ensuite par une étape narcissique (dont l'objet est le propre moi ou le corps unifié) pour arriver enfin à faire un choix d'objet alloérotique (un autre), d'abord homosexuel puis hétérosexuel. Ces premiers choix d'objet se vérifient très tôt dans l'enfance, et se caractérisent donc par leur nature incestueuse (parents, frères et sœurs) et partielle (plaisir d'organe) ; cela a amené Freud à donner à cette sexualité précoce les qualificatifs de « perverse et polymorphe ».

Plus tard, au moment d'advenue de la puberté, aura lieu le choix d'objet sexuel définitif. Il se fera sur un des modèles de l'ancien objet infantile, mais sera cette fois-ci exogamique et organisé sous le primat de la zone érogène génitale. Dans ce sens, Freud nomme, dans son texte de 1915 Pour introduire le narcissisme, deux types généraux de choix d'objet chez l'homme : le type nommé « anaclitique » et le type « narcissique ». Le premier opère sur le modèle parental (mère nourricière, père protecteur) tandis que le second est fondé sur soi-même (celui qu'on est ou qu'on a été, celui qu'on voudrait devenir, celui qui a fait partie de nous-mêmes).

D'un point de vue génétique, cette première notion freudienne d'objet dérive de deux grandes lignes conceptuelles : en premier lieu, par son rapport étroit avec la notion de pulsion, l'objet hérite de l'épistémologie biologiste évolutionniste et naturaliste typique de l'époque freudienne. En effet, le concept de pulsion descend directement de celui d'instinct dont l'objet est la cible dans l'algorithme de la sélection naturelle. Si, comme Freud le dit, les pulsions sexuelles naissent par étayage sur les instincts d'autoconservation, l'objet sexuel, lui, est issu de la théorie relevant du modèle biologique. En second lieu, l'objet dérive aussi de la notion[...]

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Écrit par

  • : docteur en psychopathologie fondamentale et psychanalyse, université de Paris-VII, psychanalyste

Classification

Pour citer cet article

Carlos MAFFI. OBJET, psychanalyse [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ABRAHAM KARL (1877-1925)

    • Écrit par Catherine CLÉMENT
    • 562 mots
    • 1 média

    Psychanalyste allemand, un des plus fidèles et des plus orthodoxes disciples de Freud. Né à Brême dans une famille juive hanséatique, Karl Abraham reçoit d'abord une formation médicale classique. C'est à Zurich, dans la clinique du Burghölzli, fondée par C. G. Jung, qu'il s'initie à la ...

  • AMBIVALENCE, psychanalyse

    • Écrit par Sylvie METAIS
    • 1 182 mots
    • 1 média

    C'est le psychiatre suisse Eugen Bleuler (1857-1939) qui a introduit ce terme et en a fait le symptôme dominant dans le tableau de la schizophrénie. Il distingue tout d'abord l'ambivalence dans trois secteurs de la vie psychique : dans les modalités de la volonté, deux volontés qui s'opposent...

  • BION WILFRED R. (1897-1979)

    • Écrit par Émile JALLEY
    • 4 827 mots
    ...moi et des objets internes sur l'objet externe – ce qui permet de préserver les bonnes parties du moi, tout en exerçant un contrôle par agression sur l' objet externe. Par la suite, ces parties projetées peuvent être réintrojectées sous forme de contenus plus supportables pour le nourrisson, du fait –...
  • CLIVAGE DU SUJET (psychanalyse)

    • Écrit par Alexandre ABENSOUR
    • 1 322 mots
    ...dernières, et à introjecter ce qui relève des pulsions de vie. De ce mouvement résultent deux clivages. Tout d'abord, le clivage de l'objet est celui de l'objet partiel dont le modèle est le sein, clivé en bon et mauvais objet. Ensuite, le clivage du moi résulte de la faiblesse du moi précoce, coupé en...
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Voir aussi