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KORSCH KARL (1886-1961)

La critique du marxisme telle que la conçoit Korsch s'inscrit dans un courant d'opposition au dogmatisme imposé par l'empirisme politique de la faction bolchevique et par son développement étatique. Le passage de la théorie révolutionnaire à la pure idéologie est au centre de l'analyse de Korsch, mais la part de responsabilité qui incombait à Marx dans la récupération autoritaire du mouvement d'émancipation n'est abordé qu'avec une extrême réserve.

Né à Todstadt, près de Hambourg, Karl Korsch étudie le droit, l'économie et la philosophie. Il obtient son doctorat à Iéna et séjourne quelque temps en Angleterre, où il rejoint les fabiens. Après la Première Guerre mondiale, il adhère au Parti social-démocrate indépendant (U.S.P.D.), puis au Parti communiste (K.P.D.), dont il sera membre dirigeant de 1920 à 1926. Ministre de la Justice pendant deux mois en Thuringe, lors du mouvement des Conseils (1923), il publie Marxisme et philosophie, son œuvre la plus célèbre (2e éd. augmentée, 1930). Condamné comme révisionniste par Zinoviev au Ve congrès de l'Internationale communiste de 1924, il est exclu du K.P.D. en 1926. Ayant conservé son mandat parlementaire, il vote contre le traité germano-russe, « alliance du militarisme allemand et du bolchevisme ». Il fera paraître dans la revue Der Gegner, fondée par les exclus, Dix Ans de lutte de classes dans la Russie des Soviets et ses Thèses sur Hegel et la révolution.

En 1934, il quitte l'Allemagne et s'exile aux États-Unis. En 1938, son Karl Marx est publié à Londres. Pendant la guerre, un grand nombre de ses articles paraissent dans diverses revues américaines (Living Marxism, Modern Quarterly, Partisan Review...). En 1950, il condense une conférence prononcée à Zurich en Dix Thèses sur le marxisme aujourd'hui. Il meurt à Belmont (Massachusetts).

Marxisme et philosophie se propose de « comprendre chaque changement, développement et révision de la théorie marxiste, depuis son émergence originelle de la philosophie de l'idéalisme allemand, comme un produit nécessaire de son époque ». Le marxisme passe, selon lui, par trois phases : l'esprit philosophique domine de 1843 à 1848 ; de 1848 à 1900, la théorie se divise en économie, politique et idéologie ; à partir de 1900, la séparation s'accroît entre un socialisme scientifique, qui relèverait de la science sociale, et la lutte politique. L'élément philosophique, devenu secondaire, contenait pourtant, dans son projet de dépassement, une composante vivante que le marxisme orthodoxe perd de vue pour se figer de plus en plus en un dogme stérile. Korsch insiste alors sur l'importance de la dialectique matérialiste comme instrument d'émancipation et soupçonne la version léniniste du marxisme de ne s'être pas dégagée de la dialectique idéaliste par laquelle la bourgeoisie résout les antagonismes, mais idéalement seulement.

Son Karl Marx expose « les principes et le contenu de la science sociale marxienne dans ce qu'ils ont d'essentiel, et cela à la lumière tant des événements historiques récents que des besoins théoriques surgis sous l'impact de ces événements ». L'auteur aborde successivement trois thèmes : la société, l'économie politique et l'histoire. S'attachant à dégager Marx de l'idéologie bourgeoise et du léninisme, également réducteurs, il rappelle que la tâche du prolétariat révolutionnaire consiste à « détruire de fond en comble le fétichisme capitaliste de la marchandise au moyen d'une organisation sociale directe du travail ».

Sa dénonciation du marxisme orthodoxe s'exprime plus nettement dans ses Dix Thèses sur le marxisme aujourd'hui : « Tout essai de rétablir la doctrine marxiste comme un tout et dans sa fonction originelle comme théorie de la révolution sociale[...]

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