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MANN JONATHAN (1947-1998)

En 1983, le Centre américain pour le contrôle des maladies (CDC) reconnaissait que le sida était provoqué par un agent infectieux encore inconnu, propagé selon des voies particulières. Jonathan Mann, alors directeur de la Santé de l'État du Nouveau-Mexique, sut d'emblée dépasser les préventions liées au fait que le sida était alors prévalent au sein de la communauté homosexuelle, pour reconnaître qu'il s'agissait d'une menace générale pour l'humanité et militer en faveur d'une action de prévention.

En 1984, dès qu'il fut évident qu'un autre foyer épidémique existait en Afrique, James Curran, directeur du programme sida au CDC, nommait Jonathan Mann directeur d'une mission originale, le projet sida, basée au Zaïre (auj. République démocratique du Congo). Très rapidement, Mann et son équipe établissaient que la maladie était déjà très répandue en Afrique sub-saharienne. En 1986, il prenait la direction du programme global sida de l'OMS qu'en quatre ans il sut mettre sur pied et animer. Il réalisa alors que la lutte contre le sida n'avait aucune chance d'aboutir si les vies humaines n'étaient pas considérées comme égales, si certains groupes humains pouvaient être tenus pour négligeables devant d'autres.

L'enjeu de la maladie devenait tout simplement humain. Jonathan Mann eut dès lors à cœur de faire connaître la gravité de l'épidémie et, en quelque sorte, donna une voix à ceux qui étaient exclus du fait de leur maladie. En conflit avec Hiroshi Nakajima, directeur général de l'OMS, sans doute en raison de la passion qu'il mettait à défendre les malades fût-ce contre les gouvernements, Mann démissionnait de l'OMS en 1990 et poursuivait son combat pour l'égalité des droits de l'homme devant la santé à l'École de santé publique de Harvard, tandis que sa femme, May Lou Clements, également professeur à la même université, se consacrait à la mise au point d'un vaccin recombinant contre le sida, entré en essais de phase III au cours de l'été de 1998. Son engagement pour les droits de l'homme le fit entrer en conflit violent avec des institutions comme les National Institutes of Health (NIH) américaines, jugées attentistes vis-à-vis des essais prophylactiques ou thérapeutiques.

C'est au cours d'un voyage effectué pour assister à un congrès sur les vaccins contre le sida que Jonathan et May Lou trouvèrent la mort au large de la Nouvelle Écosse, dans l'accident de l'avion de la Swissair du 3 septembre 1998.

— Gabriel GACHELIN

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

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Gabriel GACHELIN. MANN JONATHAN (1947-1998) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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