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DÉS JEUX DE

Classiquement, le dé est un petit cube fait d'une matière dure et résistante – os, ivoire, bois ou matière plastique – marqué d'ocelles et destiné à servir d'instrument dans divers jeux. Les emplois du dé sont nombreux et anciens : jeux de dés purs, jeux de parcours (avec pions), petites loteries simples. Traditionnellement les six faces portent les points de un à six. Le mot français dé vient du latin populaire datum « donné », mais on s'explique mal comment le mot a pris ce sens, car les Romains disaient tessera pour nommer le dé cubique (qu'ils distinguaient ainsi d'un autre dé à jouer).

La façon la plus simple de jouer consiste à lancer un ou plusieurs dés afin d'obtenir le nombre le plus élevé ou des combinaisons particulières   ; par exemple, le jeu de 421 nécessite trois dés. Ici, il faut réaliser diverses combinaisons : 4-2-1, puis dans l'ordre décroissant de valeur, brelan (trois points identiques), séquence (trois points qui se suivent), puis une valeur quelconque, la plus forte remportant la compétition. Le nombre de joueurs est à peu près indifférent.

Si les jeux de dés « purs » – c'est-à-dire utilisés pour eux-mêmes – sont devenus plus discrets aujourd'hui, on pratiquait couramment sous l'Ancien Régime des jeux comme le passe-dix (avec trois dés), le quinquenove (deux dés) ou la raffle. Le trois-dés et le tope-et-tingue ont longtemps figuré parmi les classiques.

L'inventeur du Monopoly - crédits : Bettman/ Getty Images

L'inventeur du Monopoly

Les dés trouvent aussi un emploi traditionnel dans les jeux de parcours où ils permettent de déterminer la marche des pièces. Le jeu de l'oie, les petits chevaux, mais aussi le backgammon ou même le Monopoly se servent de dés pour faire avancer les pions des joueurs. On voit donc que les dés fonctionnent comme un générateur de hasard.

Si le dé est un générateur de hasard, on peut élargir la définition trop restrictive donnée au début. En effet, le dé cubique n'est qu'une sorte parmi d'autres, même s'il est devenu prépondérant. Nombre de cultures autres, anciennes ou actuelles, préfèrent employer des objets de forme différente, au nombre de faces le plus souvent inférieur. Ce sont bien des dés cependant, car on les voit employés dans les mêmes catégories de jeux : jeux de dés purs, jeux de pions, loteries.

L'inventaire de ces objets est assez surprenant. La forme la plus fréquente est sans doute le dé à deux faces. Tout objet de petite taille et d'aspect semblable, présentant deux faces différenciées, peut servir de dé binaire. Le jeu de pile ou face est l'unique représentant européen de ce système. Ailleurs, c'est par groupes de trois, quatre ou plus, que l'on utilise ces dés. Coquillages, et plus précisément cauris (cyprées), traditionnels en Inde et en Afrique orientale, haricots, fèves ou glands en Amérique précolombienne, noix et noyaux, grains de maïs, etc., dont un côté est noirci, constituent autant d'instruments aléatoires se lisant comme un système binaire. À ces produits de la nature s'ajoutent les bâtonnets bifaces ou baguettes demi-rondes – une face plane, une face bombée – employés dans l'Égypte pharaonique, la Chine antique, chez certains Indiens d'Amérique du Nord ou même plus récemment au Proche-Orient et au Maghreb pour le jeu de sīgh.

Les dés à quatre faces ne sont pas non plus inconnus, qu'ils soient naturels, comme les osselets, ou manufacturés. L'astragale des ovi-capridés, en effet, a été très tôt utilisé comme instrument de jeu de hasard et comme accessoire de jeux de pions. L'Anatolie antique et les pourtours de la Méditerranée ont nettement privilégié l'emploi d'osselets comme dés à quatre faces, certes irrégulières. Le monde hittite, l'Égypte ancienne, la Mésopotamie, les Perses et les Phrygiens, sans parler des Grecs, étaient grands consommateurs d'astragales, de même que les Romains,[...]

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Écrit par

  • : licencié ès lettres, ingénieur du Conservatoire national des arts et métiers, historien du jeu

Classification

Pour citer cet article

Thierry DEPAULIS. DÉS JEUX DE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

L'inventeur du Monopoly - crédits : Bettman/ Getty Images

L'inventeur du Monopoly

Autres références

  • BACKGAMMON

    • Écrit par Thierry DEPAULIS
    • 856 mots
    • 3 médias

    Le backgammon est un jeu d'origine anglaise qui oppose deux joueurs de part et d'autre d'un tablier comportant vingt-quatre flèches ou cases. Chaque joueur, muni de quinze pions blancs ou noirs selon son camp, s'efforce de conduire ceux-ci de leur point de départ à l'opposé du tablier en respectant...

  • CASINOS

    • Écrit par Thierry DEPAULIS
    • 4 483 mots
    • 2 médias
    ...les souverains et autres autorités des divers pays européens réagissent en ordre dispersé. À un « front du refus », incarné par le royaume de France où Saint Louis interdit expressément, en décembre 1254, les écoles de dés (scholas deciorum, c'est-à-dire « assemblées de [joueurs] de dés ») puis prohibe,...
  • JEU - Le jeu dans la société

    • Écrit par Jean CAZENEUVE
    • 4 901 mots
    • 2 médias
    Dans l'Antiquité classique, les jeux de dés, dont les Grecs attribuaient l'invention soit à un héros de la guerre de Troie, soit à un dieu, soit aux Lydiens, étaient en grande faveur depuis des temps très reculés, dans toutes les civilisations indo-européennes et probablement aussi au-delà. Plusieurs...
  • JEUX DE PIONS

    • Écrit par Thierry DEPAULIS
    • 4 084 mots
    • 5 médias
    On admet assez communément que les premiers jeux intellectuels sont des jeux de dés purs. Quelques indices archéologiques nous permettent de penser que l'usage d'instruments aléatoires ou générateurs de hasard était déjà connu au Chalcolithique, voire au Néolithique. Il est sans doute venu à l'esprit...

Voir aussi