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PUECH HENRI-CHARLES (1902-1986)

Né à Montpellier, Henri-Charles Puech entre, après sa licence ès lettres, à l'École normale supérieure, où il passe la licence (1922), puis l'agrégation de philosophie (1924). Après son service militaire , il devient pensionnaire de la fondation Thiers jusqu'en 1929. Il fréquente les cercles surréalistes avec celui qui restera son compagnon de toujours, Raymond Queneau, d'un an son cadet. En 1927 paraissent ses Notes sur Hamelin, écrites sur le fond de sa rupture avec André Breton. Il occupera sa dissidence surréaliste en rédigeant un mémoire sur la dissidence gnostique dans l'école de Plotin, la seule thèse qu'il ait jamais écrite et qui sera déposée à la Ve section (sciences religieuses) de l'École pratique des hautes études. Quant à Raymond Queneau, lui aussi en rupture avec André Breton dans les mêmes années, il occupera sa dissidence surréaliste en écrivant Le Chiendent.

En 1929 Puech est élu directeur d'études à la Ve section de l'E.P.H.E., où il enseignera quarante-deux ans (jusqu'en juin 1972), avec une seule interruption : il fut mobilisé en 1939-1940 dans un régiment de zouaves, comme Queneau ! À la rentrée universitaire de novembre 1940, nos deux zouaves, venus du surréalisme et de la drôle de guerre, se retrouvent l'un en face de l'autre, Queneau écoutant Puech disserter sur les théologies trinitaires à Alexandrie, d'Origène à Arius. C'est là, en effet, à l'E.P.H.E., que Raymond Queneau était devenu, depuis 1933 (date de la parution du Chiendent), l'élève assidu de Puech, à l'époque où ce dernier y étudiait les fondements métaphysiques de la théologie irénéenne du temps.

L'influence de Puech ne se mesure pas au poids de ses publications. Les articles qu'il a publiés sont les produits de quelques cours, ses livres des recueils d'articles, de conférences ou de résumés de cours. Il n'aimait guère écrire et s'empêtrait dans les béquilles et superfluidités du discours, qui devaient finir par le paralyser. Il ressentait péniblement cette difficulté d'écrire et se morfondait en voyant certains de ses cours repris dans les productions d'élèves peu scrupuleux. Puech était un enseignant, non un écrivain. Le dernier cours qu'il fit marqua pour lui la rupture définitive avec son très long passé de parole. « Il ne me reste plus, déclara-t-il alors, qu'à m'appliquer la brève exhortation du logion 42 de l'Évangile selon Thomas : Soyez passant. »

Ses années d'enseignement sont une sorte de commentaire perpétuel de son mémoire sur la dissidence gnostique dans l'école de Plotin. Il n'était pas le premier à s'occuper des gnostiques, mais il modifiait de fond en comble les perspectives reçues. Les théologiens qui les avaient étudiés jusque-là encore, les considéraient comme un phénomène interne à l'histoire de l'Église et de la patristique. Philosophe de formation, Puech mit les gnostiques à la charnière de l'histoire doctrinale de l'Occident. Ces chrétiens fascinés par l'hellénisme qu'étaient les gnostiques n'inspiraient que dégoût aux Hellènes qu'ils fréquentaient. Ce jeu des fascinations et répulsions plaisait beaucoup à Puech. Il en fit sa vie. Il en fit son œuvre.

Trois grandes découvertes vont marquer de façon décisive les recherches et l'enseignement de Puech. En 1930, des paysans égyptiens trouvent dans les ruines d'une maison, à Madīnat Mādīt (Fayyūm), une caisse en bois contenant une grande quantité de papyrus manichéens écrits en dialecte lycolipolitain (aujourd'hui conservés à Dublin, Berlin et Vienne). En 1941, des ouvriers travaillant à l'aménagement d'une carrière de la falaise de Tura, au sud du Caire, mettent la main sur des papyrus grecs contenant des œuvres d'Origène et de Didyme d'Alexandrie (aujourd'hui[...]

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Pour citer cet article

Michel TARDIEU. PUECH HENRI-CHARLES (1902-1986) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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