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SERREAU GENEVIÈVE (1915-1981)

Fille de pasteur, Geneviève Serreau naît le 13 août 1915 à Oléron, où elle passe son enfance, baignée dans la lecture assidue de la Bible et un climat d'étude qui stimuleront très tôt son attirance profonde pour la littérature.

Agrégative de lettres, elle part pour Lyon pendant la guerre, où elle devient l'élève de Charles Dullin et rencontre, en 1942, son mari Jean-Marie Serreau. Elle découvre alors le théâtre, un univers qu'elle ne quittera plus désormais et qu'elle abordera sous toutes ses facettes : comme comédienne, d'abord, et, de retour à Paris, comme traductrice de Brecht avec Homme pour homme, dont son adaptation paraît en 1947 dans Les Temps modernes, et Mère Courage, que montera Jean Vilar. En 1955, c'est elle aussi qui publiera un essai collectif consacré en France au dramaturge allemand (Brecht, dramaturge, 1955) ; et dix ans plus tard, en 1966, elle donne une Histoire du nouveau théâtre, qui restera son étude théâtrale majeure et demeure un ouvrage clé sur la vie théâtrale des années 1960. Adaptatrice de Shakespeare et surtout du Barrage contre le Pacifique, de Marguerite Duras, ainsi que, en 1977, des Peines de cœur d'une chatte anglaise, de Balzac, qui marque le début de sa notoriété ; enfin, auteur elle-même de Tabarin et de Fabriquer ça. Plus qu'à toute autre chose, elle doit, à l'expérience du théâtre de Babylone qu'elle fonde en 1952 avec son mari Jean-Marie Serreau, de rester présente, pour longtemps, dans l'esprit du public. Cette expérience ne dure que deux ans mais concentre toutes les tentatives et toute l'effervescence du « nouveau théâtre ». Point de convergence de l'avant-garde des années 1950, c'est là que, pour la première fois, seront montés Beckett, Ionesco, Aimé Césaire, Kateb Yacine, Bertolt Brecht et bien d'autres. C'est là aussi qu'en 1954, alors que le théâtre de Babylone commence à battre de l'aile, Geneviève Serreau rencontre Maurice Nadeau, dont elle va devenir la collaboratrice pendant plus de vingt ans, pour la revue mais aussi pour la collection Les Lettres nouvelles, qui, publiée d'abord chez Julliard puis chez Denoël, marquera le monde des lettres en révélant au public français les noms de Gombrowicz, Malcom Lowry, Leonardo Sciascia, Georges Perec, John Hawkes... Elle y publie aussi ses premiers romans : Le Soldat Bourquin dès 1954, Le Fondateur (1959), Ressac (1962), Ce cher point du monde (1970), puis des recueils de nouvelles, Ricercare (1973), Dix-Huit Mètres cubes de silence (1976), qui, tous, de Maria la Polonaise du Fondateur à Yvette de Ressac et Olympie de Ricercare nous tracent le portrait d'une femme douloureuse, lucide, en lutte permanente contre elle-même et contre l'ordre social.

Congédiée par Denoël, en 1977, en même temps que Maurice Nadeau, Geneviève Serreau abandonne l'édition pour se consacrer exclusivement à son œuvre. En 1979, elle publie un nouveau recueil de nouvelles, La Lumière sur le mur, et, en 1981, ce qui demeurera son dernier roman, Un enfer très convenable.

— Nadine VASSEUR

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Nadine VASSEUR. SERREAU GENEVIÈVE (1915-1981) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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