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GAY PRIDE

Les résistances

En dépit de son succès, l'événement continue de susciter des résistances. Tout d'abord de la part de ceux qui s'opposent à la reconnaissance du mouvement L.G.B.T. Ainsi, en 2002, la marche est interdite à Strasbourg par la mairie de la ville. Mais la contestation s'affirme aussi de l'intérieur, au travers de critiques dont il faut distinguer deux types. Pendant longtemps, la Gay Pride a été condamnée par de nombreux homosexuels pour mélanger revendication publique et vie privée ou amalgamer exubérance provocatrice et choix de vie respectable. Plus récemment, certains questionnent la pertinence de la manifestation, que sa reconnaissance rend plus fréquentable pour les uns, mais trop normalisée pour d'autres. Ainsi, en 2005, est organisée le jour même de la Gay Pride la première Marche des tordues, c'est-à-dire de « tout-e-s celles et ceux qui vont à l'encontre de toute idée de norme », afin de protester contre la commercialisation et la dépolitisation des identités sexuelles minoritaires. La Gay Pride cristallise ainsi la tension générée par le processus de normalisation de l'homosexualité. En même temps, le sentiment de lassitude que certains homosexuels expriment révèle aussi un effet de génération. Pour les plus anciens, la participation à la manifestation durant sa période de croissance pouvait être motivée par le sentiment de contribuer à l'histoire en marche. Depuis que la mobilisation a atteint un plateau et que la forme de la manifestation n'évolue plus, l'enthousiasme de certains anciens décline, et ce sont plutôt les jeunes générations qui l'investissent, y trouvant comme leurs aînés, mais dans un contexte modifié, l'un des temps forts de leur socialisation comme lesbiennes, gays, bisexuels ou transgenres.

— Christophe BROQUA

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Écrit par

  • : anthropologue, docteur de l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Pour citer cet article

Christophe BROQUA. GAY PRIDE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • HOMOSEXUALITÉ

    • Écrit par Frédéric MARTEL
    • 9 195 mots
    • 1 média
    Le succès croissant de la Gay Pride parachève ce mouvement : anecdotique dans les années 1970 (la première date en France de 1977), marginale à partir de 1983 et dérisoire à la fin des années 1980, la manifestation de la « fierté » gay rassemble 10 000 personnes en 1993, 20 000 en 1994, 60 000...

Voir aussi