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CHAVAL (expositions)

Chaval, l'un des plus importants dessinateurs d'humour des années 1950-1960, est né Yvan Le Louarn le 10 février 1915 à Bordeaux et mort à Paris le 22 janvier 1968. Son succès repose sur l'irruption d'un univers incongru dominé par des gags visuels et des légendes insolites. Deux rétrospectives lui ont été consacrées, l'une au Scriptorial d'Avranches (Chaval. Mieux vaut pleurer que rire à contretemps), l'autre au musée des Beaux-Arts de Bordeaux (Chaval. Humour libre). L'exposition d'Avranches, du 28 septembre au 31 décembre 2007, a présenté une centaine d'œuvres, dont de nombreux dessins préparatoires, objets et documents inédits révélant un Chaval illustrateur, graveur, écrivain, publicitaire, et auteur de courts-métrages. Parmi les illustrations présentées, on peut noter celles qui furent réalisées pour le Club français du livre (Pierrot mon ami, de Raymond Queneau, 1954 ; Instructions aux domestiques, de Jonathan Swift, 1958 ; Le Dictionnaire des idées reçues, de Gustave Flaubert, 1958) ou qui sont extraites de Histoire de France et de s'amuser de Robert Beauvais (Fayard, 1964) ; des notes et des textes manuscrits ou tapuscrits de petites annonces, des proverbes divers et des objets publicitaires (cendriers Shell que j'aime ; assiettes à proverbes « Mon verre n'est pas grand, mais j'en ai un autre », 1961) ; des dessins et recherches pour les affiches du tour de chant des Frères Jacques, le programme du film Tant qu'on a la santé, de Pierre Étaix (1965). Plus rares encore, des gravures signées Le Louarn et datant principalement des années 1940 affirment la maîtrise technique acquise par Chaval à l'école des Beaux-Arts de Bordeaux.

D'un milieu familial tolérant l'excentricité, on retient la connivence entretenue par le jeune Yvan avec son oncle, le peintre Raphaël Delorme, et une passion très précoce pour le cinéma. De ce goût demeurent quelques courts-métrages composés de dessins au trait, dont Un conte médiocre ou, plus connu, Les oiseaux sont des cons. Ce dernier film, couronné par le prix Émile Cohl en 1964, décrit un univers désespérant peuplé d'oiseaux anthropomorphes. Il fut réalisé peu avant le suicide du dessinateur. L'incongruité jubilatoire des dessins d'humour dans la presse se retrouve dans ses travaux publicitaires (le tube souple en aluminium ou l'huile Labo). L'homme de Chaval, passablement rassis, chauve et peu amène, évoque les univers de Buster Keaton et de Beckett. Pendant près de vingt ans, il aura contribué à l'amusement des lecteurs de Paris-Match, du Figaro, du Figaro littéraire et du Nouvel Observateur. Cet humour graphique se lit également dans des contes, des textes brefs que Chaval publia d'abord, en 1957, dans la revue Bizarre de Jean-Jacques Pauvert, avant qu'ils ne soient réédités par les éditions du Cherche midi en 2004. Un lien évident existe entre ces écrits, les calembours et les images aux légendes insolites dont ce fameux Pharmaciens fuyant l'orage où deux silhouettes vues de dos s'éloignent en courant. Accompagnaient cette exposition le film Chaval (1977) de Jean-Daniel Verhaeghe, ainsi qu'un catalogue Chaval. Dessins et gravures, édité par le commissaire Patrick Descamps (Henri des Abbayes, Fougères, 2007).

Au musée des Beaux-Arts de Bordeaux (5 juin-21 septembre 2008) puis d'Angoulême (4 octobre 2008-30 janvier 2009), l'exposition Chaval. Humour libre a présenté de son côté 120 originaux de l'humoriste, affichant pour la première fois une collection exceptionnelle en qualité et en nombre. Elle appartient à un ensemble riche de plus de 250 pièces provenant de la collection de la mère de l'artiste, auxquelles s'ajoutait celle du peintre bordelais Edmond Boissonnet. Bien des motifs demeurent aussi drôles qu'au premier jour : [...]

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Nelly FEUERHAHN. CHAVAL (expositions) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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