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BANKSY (1974- )

Figure incontournable de l'art urbain contemporain, Banksy en est aussi l'une des plus paradoxales : protégeant son anonymat, il sait entretenir au besoin la curiosité publique et médiatique. Résistant à toute tentative d'institutionnalisation, il n'en a pas moins publié plusieurs livres, monté une série d'expositions remarquées et même réalisé un (faux ?) documentaire, Exit through the gift shop (« Faites le mur », 2010), qui lui a valu d'être nommé aux oscars. Prompt à dénoncer la marchandisation du monde en général et de l'art en particulier, il est coutumier des records en salle des ventes... En somme, l'artiste britannique offre un condensé des contradictions qui travaillent le « street art ».

Du graffiti au pochoir

Si l'œuvre est célèbre, on sait très peu de choses de l'homme. L'anonymat, de mise chez des artistes urbains condamnés à la discrétion par l'illégalité de leur démarche, a largement contribué à forger sa légende dans une société obsédée par la visibilité. Banksy serait né en 1974 à Bristol. Son milieu d'origine est mal connu. S'il est parfois présenté comme issu de la classe ouvrière, les très rares personnes qui acceptent d'évoquer sa biographie disent qu'il appartiendrait à la classe moyenne. À l'âge de quatorze ans, il se mêle à la scène graffiti du quartier de Barton Hill (Bristol), mais s'écarte rapidement des normes esthétiques du milieu, qui proscrit toute autre expression que le style new-yorkais et la bombe aérosol. Les graffeurs ne lui pardonneront jamais son effort pour gagner en lisibilité. Certains d'entre eux, comme le Londonien Hobbo, lui ont même livré la guerre, détruisant ou détournant systématiquement ses œuvres.

Si l'artiste explique avoir tourné le dos au graffiti par incompétence, il faut aussi voir dans cette échappée une façon de récuser toute référence à la règle, fût-elle édictée par une poignée de hors-la-loi. Libre et même libertaire, Bansky adopte dans la seconde moitié des années 1990 les médias artistiques les plus divers, à commencer par une technique encore rare au Royaume-Uni à l'époque : le pochoir. À l'instar du français Blek le rat, auquel il rend volontiers hommage, Banksy fait du rat (et plus largement de l'animal) un symbole de la contre-culture. Il dessine à l'échelle 1 une poignée de personnages à la forte charge symbolique, militaires et policiers en tête. D'exécution rapide, autorisant une grande fidélité au modèle, le pochoir sert le goût de l'artiste anglais pour le détournement. La facilité de reproduction qu'autorise le procédé et son histoire très politique (outre son usage dans l'industrie, le pochoir fut l'une de techniques de prédilection de la propagande politique, avant d'être adopté par les punks) conduisent ses interventions à une subversion des codes urbains et en font plus largement une charge contre l'autorité sous toutes ses formes. Chez Banksy, les bobbies (« policiers londoniens ») s'embrassent ou prisent de la cocaïne, l'armée et la garde royale tracent sur les murs les emblèmes du mouvement « peace and love » ou de l'anarchie. La signalétique devient incitation à pratiquer le graffiti.

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Stéphanie LEMOINE. BANKSY (1974- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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