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MAZDAK (mort en 529 env.)

La vie de Mazdak, fils de Bâmdâdh, est mal connue. Ce prêtre zoroastrien se fait l'apôtre d'une religion nouvelle, en se proclamant l'envoyé de Dieu qui doit restaurer la foi dans sa pureté primitive : il prêche l'égalité absolue entre les hommes et la communauté totale des biens et des femmes. Les classes sociales, leurs distinctions et le mariage sont abolis ; ces réformes ne vont pas sans soulever d'inextricables problèmes de filiation : leur mise en pratique donna d'innombrables enfants d'origine inconnue. Mazdak prêche encore qu'il faut, pour unir les hommes entre eux, éliminer toute cause de convoitise et de discorde ; la mise en commun des femmes et des biens anéantit l'origine même du mal et purifie la foi. Les aspects sociaux du mazdakisme attirent d'innombrables disciples animés d'une foi sincère et qui se plient aux autres injonctions de l'apôtre : défense de tuer les animaux pour en consommer la chair, par exemple.

L'Empire perse est alors en pleine anarchie et Kawâdh Ier (488-496 et 498-531) entretient un conflit ouvert avec la noblesse et le clergé. Ces deux ordres se liguent pour le déposer (496). Le peuple, grisé par les idées communautaires de Mazdak et de ses adeptes, se soulève, se livre à des pillages incessants, à des enlèvements de femmes et cherche à fonder des communautés. Le mazdakisme triomphe et l'ordre traditionnel menace de s'effondrer. Soutenu par les Huns Blancs (les Hephthalites), Kawâdh recouvre néanmoins son trône, décime la noblesse, mais ménage pour un temps Mazdak et ses disciples ; il finit par les massacrer près de Ctésiphon. Ce bain de sang (plusieurs milliers d'exécutions) est sujet à controverse, plusieurs sources arabes le situant non sous le règne de Kawâdh, mais sous celui de son fils et successeur Khusraw (Chosroês Ier le Grand).

Ce mouvement, qui mit en péril tout l'Empire sassanide, fut donc écrasé par l'impitoyable tuerie de Ctésiphon et par l'interdit jeté sur tout ce qui pouvait rappeler Mazdak et sa doctrine. L'enseignement de Mazdak survécut pourtant longtemps et il en existe encore des traces de nos jours dans la région du Mâzanderân, sur les bords de la mer Caspienne.

— Philippe OUANNÈS

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Pour citer cet article

Philippe OUANNÈS. MAZDAK (mort en 529 env.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • SASSANIDES

    • Écrit par Philippe GIGNOUX
    • 2 491 mots
    • 4 médias
    ...et l'État en furent améliorés. Mais l'ordre social fut troublé à nouveau sous Kavād Ier (488-497), qui favorisa un mouvement revendicatif dirigé par Mazdak, adepte d'une secte manichéenne dont le fondateur fut un certain Bundos, et qui prônait le partage des biens, et même la communauté des femmes....

Voir aussi